Connaissez-vous le gamelan ? Il s’agit d’un orchestre de percussions indonésien, que pratique l’ensemble Nist Nah depuis 2019. Les 9 musiciens jouaient dimanche 2 février à l’Antipode pour la clôture du festival Autres mesures.
Rares sont les possibilités de voir un gamelan sur scène, et pour cause : la taille et le nombre d’instruments pèsent leur poids de métal, bois et peaux. Sous la direction de Will Guthrie, l’ensemble Nist Nah s’inspire du répertoire traditionnel des musiques de Bali et Java, y greffant deux batteries, pour des compositions originales qui font appel aux musiques contemporaines.
En premier lieu, visuellement, c’est fort. Les instruments brillent, les baguettes s’agitent au point de devenir parfois hypnotiques, les musiciens évoluent parmi l’installation, et les sons, d’abord un peu curieux à nos oreilles, se fraient une route de rythmes et de mélodies, qui invitent tantôt à la transe, tantôt à la contemplation. Ici un gong place une ambiance, là un xylophone s’échappe dans sa cavalcade. Les 9 musiciens ne jouent pas un répertoire de musiques traditionnelles indonésiennes, mais souvent, leur résurgence fait mouche. Le gamelan, inscrit depuis 2021 au patrimoine culturel de l’Unesco, souffle ici sa cadence, son harmonie si particulière, jouant avec les structures rythmiques; Nist Nah y développe ses compositions, créant un mélange savoureux, sorte d’expérience inédite qui fait vibrer le corps.
Ce qui fascine dans le gamelan, c’est la multiplicité, la superposition des rythmes et la résonance des instruments. Un jeu qui rappelle la notion d’espace et de vitesse dans la musique, le parcours de l’onde sonore jusqu’à nos oreilles, presque illustrée par le dernier morceau, d’une sobriété aussi efficace qu’une cymbale qui résonne dans l’air. Un concert mémorable, et un moment unique pour cette date proposée par le festival Autres mesures.