Troubles. 10 titres. Trois voix, Casey, Béatrice Dalle et Virginie Despentes. Quatre musiciens pour le groupe Zëro. Et des mots. Des mots uppercut, des mots qui volent vers d’autres imaginaires ou qui s’inscrivent sur les trottoirs de notre monde abîmé.
Se laisser immerger par le son et les phrases, se fondre dans ces « Troubles » d’une époque « troublée et troublante ». Les premiers mots du spectacle porté par le trio verbal, prononcés par Casey et extraits d’un ouvrage de Donna J. Haraway, Staying with the Trouble : Making Kin in the Chthulucene placent le décor. Il n’est pas tranquille, mais il affichait complet ce mardi 7 mai à l’Antipode. Comment « Vivre ensemble et mourir ensemble » ? De troubles en tremblements, de claques en roulements, d’oscillations rythmiques en échappées sensibles, les textes résonnent les uns avec les autres, se font masse liquide ou solide, regardant en face la réalité, examinant ses coutures, ses impasses, ses rêves et ses mouvements. Car mouvement il y a, comme une tectonique de pensées qui s’articulent* dans les mots précieux d’Audre Lorde à Paul Preciado.
« La transsexualité est un sniper silencieux qui colle une balle dans la poitrine d’enfants plantés devant un miroir ou qui comptent leurs pas sur le chemin de l’école. Il ne se préoccupe pas de savoir s’ils sont nés d’une insémination artificielle ou d’un coït catholique. » La Balle, Paul Preciado
Une lecture du monde extérieur et intérieur, celui dont on ne peut s’extraire. Des lectures, qui se font à trois voix ou parfois seule sur scène, avec un savoureux découpage des textes clôturés par un extrait de Dysphoria mundi de Paul Preciado. Une claque à prendre et des textes à lire, car « rien de nous sépare »** de la merde qui nous entoure.
* Ou se désarticulent, allez savoir.
** Rien ne nous sépare, un texte de Virginie Despentes auto-édité.