Après Stig Dagerman, Souad Labizze, Kae Tempest et Antoine Mouton nous poursuivons nos propositions de lecture format court en compagnie cette fois-ci d’un recueil de poèmes voyageurs, Là où tu dors la nuit de Titi Robin. C’est un truc très beau qui contient tout*.
La mer et le désert
se déchirent
à l’ombre des dunes.
Personne n’en dit rien.
Les grains de sable et l’écume
ont dessiné sur sa peau tendre
la carte d’un monde en feu. (…) P. 16
C’est une carte sensible, de la poudre des poussières soulevées par les pas du musicien-poète Titi Robin qui se dessine à chaque page de ce livre. Là où tu dors la nuit, il y a des mots, des choses simples et des paysages qui ont la force d’une montagne. Il y a des vagues qui se mélangent à la plume du peintre algérien Rachid Koraïchi, qui trace les motifs d’une langue primitive et qui s’enroulent dans le texte. Des lettres arabes qui trottent à côté du chemin qu’arpente Titi Robin, en compagnie des étoiles, d’un cheval, du corps d’une femme.
Sans ouvrir les yeux,
touche-moi
sans effleurer ma peau,
écoute la parole
que libère mon silence,
nous sommes au début d’un jour immense. (…) P. 74
Préfacé par Yvon Le Men, Là où tu dors la nuit égrène ses poèmes comme un chapelet, entre la terre et la peau, entre l’esprit et le ciel. Des phrases puissantes, dont certains textes figuraient dans l’album Rebel Diwana (2018). On ne sait pas où dort Titi Robin la nuit, mais c’est très beau.