La puissante tempête Miguel souffle ses bourrasques et le déluge d’une pluie froide accompagne les premières notes de cette édition 2019 du festival briochin. Ce n’est pas le temps des plus agréable pour pouvoir apprécier les concerts proposés dans ce cadre urbain en plein cœur de St-Brieuc. Ce vendredi soir, l’ouverture du festival Art Rock n’a cependant pas entamé le courage des spectateurs ni celui des artistes présents défiant ainsi avec une certaine et forte conviction musicale les éléments naturels quelque peu déchaînés.
Suzane seule et ultime sensation !
C’est la tendance musicale féminine actuelle en France ces derniers mois. Des jeunes filles, la vingtaine d’années, avec pour chacune d’entre elles un vrai style et des textes qui leur appartiennent. À l’instar de Jain puis d’Angèle, voici que Suzane prend dorénavant le chemin de cette reconnaissance professionnelle. Artiste accomplie sur scène, elle rassemble pour elle, un physique charmant, un son presque dubstep, une chorégraphie efficace, une sympathique cover à la sauce dub de France Gall « Laisse tomber les filles » et des textes qui encouragent : « Je traîne avec la flemme, elle prévient pas quand elle se ramène dans son survet’ tout débraillé… » Nous la classerons donc dans la catégorie : jeune talent émergent à suivre !
Kerry James, un tonton qui rap’ encore !
La puissance de la sono de la façade du parking de Poulain Corbion n’est sans doute pas loin d’être à son niveau maximisé, sans doute un peu trop fort pour nos délicates oreilles… Le rappeur Kerry James rappelle que son rap conscient est toujours là ! Emprunt de messages politiques engagés et coiffé d’un béret évoquant bien celui du « Che », l’artiste parisien rappelle régulièrement les références à sa black culture, poing levé, main noire gantée, comme un combat de boxeur sur son ring. Son flow est surpuissant et évoque clairement bien des choses intimes dans l’ordre de nos convictions d’engagement intérieures.
The YD, une mélodie pop dansante
Le duo de beatmakers parisien révèle sur scène une musique électro pop agréable, l’un aux rythmes et batterie, l’autre à la mélodie et clavier, ils sont parvenus à chasser quelque peu les nuages du début de soirée. Bien joyeuse et harmonieuse, cette musique s’écoute volontiers. L’enthousiasme et le sourire des deux musiciens sont communicatifs. Malgré les rafales fraîches et les dernières gouttes frisquettes, on est tous contents d’être là !
The Good, the Bad and the Queen. La classe mondiale !
Cette formation c’est un peu comme si la crème de la pop anglaise agrémentée d’un quatuor à cordes classique rencontrait le summum du rythme contemporain du continent africain. Sur scène, ce projet mené par le prolixe et talentueux Damon Albarn fait véritablement des étincelles dans nos vieux cœurs de quadra. Il aura réveillé quelque chose de négligemment enfoui, comme un souvenir de nos plus agréables années musicales. C’est quand même la classe sur scène ce mec ! Il est généreux, son corps virevolte en même temps que ses paroles, sa voix reste magique et authentique ! Cet artiste impose le respect et fait bien plus que réchauffer le public qui n’hésite pas à se laisser emporter dans ses célestes ballades. L’un des très bons moments de cette première soirée !
Fontaines DC : Une source de jouvence !
On ne sait pas trop de quel liquide était empli cette fontaine avant que Grian Chatten, le chanteur de Fontaines DC entre sur la scène du forum de la passerelle ? C’était sans doute quelque chose de bien vitaminé ! C’est impressionnant de puissance et d’énergie ce que ce chanteur déploie à lui tout seul. Les musiciens s’effacent mais encadrent pourtant ce fauve qui tourne en rond comme un lion en cage sur une scène trop exigüe. Cet énergumène tout en speed ne peut pas tenir en place. Certainement très torturé, il dégage une sorte d’autorité scénique déjantée. Un concert qui colle parfaitement à l’esprit club rock de ce petit espace sur-bondé du petit forum de la Passerelle : Il y a du monde aux balcons !
