L’été est presque terminé ! L’occasion de revenir sur ce que vous avez manqué depuis la dernière Revue de Seize ! L’occasion de sampler la boucle, et de commencer la saison musicale sur de nouvelles basses. Jeux de mots à part, l’IN vous souhaite de belles découvertes musicales avec les nouveaux Sameer Ahmad et Loud, le come-back de Féfé & Leeroy, du roi Oxmo ainsi que l’arrivée de Lorage dans l’ombre de Nefaste ! En bref, maaaake soooome noiiiiise great again !

« J’sors de l’ordinaire sans péridurale

Jordan plein de sable du pays du Sham

Cognac, shaman et plaisir d’une dame

J’sors de l’ordinaire comme Tupac du tribunal

[Brasero] Sameer Ahmad

CE QUE VOUS AVEZ MANQUÉ ///

Sameer Ahmad – Apaches

« Mon arbre généalogique pour une piñata. » L’héritier de Sinatra se faisait sentir depuis la sortie du titre « Sitting Bull ». Ce tube de l’été plane sous un air plus qu’indien, faisant voler quelques plumes au passage. Avec Apaches, le rappeur nous sort un 10 titres montrant encore de très belles choses. Un nom d’album faisant double sens, Apaches faisant références à la fois aux bandes criminelles des années 1900 de Panam’ et à sa traduction par « ennemis » en langue zuni, mais ça on vous l’explique LALALALA. Du bruit de l’eau sur « H2O », du particulier « Brasero » ou au refrain de « Sherpa » qui mythifie pour de bon Freeman, c’est net, Sameer a des vers à revendre ! Sans oublier « Papa Legba » et « Logos », y a de quoi en prendre plein les mirettes ! Alors ? Bandit ou ennemi ? Dans l’affrontement, Sameer sait s’entourer de quelques alliés comme LK de l’Hotel Moscou, Nakk Mendosa ou encore Ezekiel qui s’est illustré sur Un Amour Suprême. Un album bien que court, dépassant largement es attentes. Gare à Sameer !

Loud – Tout ça pour ça

« À contre-courant dans les sens uniques. » L’auteur du ô célèbre Une Année record remet le couvert ! Avec une dérive « pop kitch » se caractérisant davantage sur Tout ça pour ça. Ironie vis-à-vis du succès de l’album précédent ? C’est pourtant « Sans Faire d’histoire » que le Canadien entre dans l’album. Première impression vérifiée avec « Médailles », rappelant que le rap québecois n’est pas en miettes et ne plante pas des clous ! Dose de guitare réverbérée sur « Jamais de la vie » pour « fly-er », l’inspiration détonne toujours chez Loud. L’auteur du beau « Immortel » appuie là où ça fait mal avec « Longues Vies », morceau terriblement efficace avec ses premières notes de synthé. Toujours avec Lary Kidd et la voix de Charlotte Cardin, les Québécois démontrent que certaines douceurs sont utiles comme sur « Sometimes, All The Times » ou « Off The Grid ». On peut même reconnaître le « fx » de Manu Chao de « Gustas tu » ! Un album qui s’inscrit dans la continuité du précédent, mais « fallait y aller » pour le comprendre !

Lorage – Sauvage

« Je n’peux pas partir sans payer l’addiction. » Lorage, rappeur suisse aux yeux bien ouverts comme sur la pochette de l’album sort à découvert ! Ça donne d’ailleurs un clip culotté avec « Pandora », un avant-goût du disque aux accents avatariens ! « Culotté » est sans doute l’adjectif qui qualifie le mieux les 10 titres de Sauvage. Entre « Tyler Durden » du Fight Club, les bizarroïdes skit (la pô compris) et l’exercice du miroir avec « Capricieux », Lorage déverse quelques gouttes de son essence. Un parfum étonnant par moment, rappelant que le rap c’est aussi ça ! Avec une belle énergie revendiquée sur « Le Chanteur », Lorage touche le plafond sur « Château de cartes » qui truste la première place du meilleur titre de l’album. Alors osez ! Bravez lorage avant de prendre le « Capricorne » par les… cornes. Un premier jet méritant et qui s’écoute facilement. Enjoy !

Nefaste – Partir Loin

« J’ai tort de croire en l’effort de paix. » Reprenant Lunatic, Nefaste démarre au quart de tour pour Partir Loin, mais le plus loin possible ! Après Dans mon monde et des réussites (oooh « Hier »), le natif de Cergy se met en « Mode Avion » pour envoyer ses seize. Ça donne de bonnes ogives comme « Bah oé mon pote », des notes de boîtes à musique avec quelques boucles de samples bien foutues sur « La Musicienne » ou encore le tonitruant « Là, chez moi » qui rentre dedans comme à l’ancienne. Fuir pour mieux revenir, c’est le créneau de Nefaste qui positive à sa façon sur « Grandir » ou « Fenêtres » avec Béni de La Chronik et RSKP. Plus complet, plus haut et plus fort, Partir Loin tire son épingle du jeu. De bon augure pour celui qui fait « Le Plein » avant de partir. Pour quelle destination finale ?

Féfé & Leeroy – 365 jours

« Encore un vieux emcee qui fait son come back ! » C’est pas nous, c’est eux qui le disent ! C’est avec 365 jours que Féfé & Leeroy se remettent ensemble pour une nouvelle fournée musicale. 365 jours ? Comme une belle chanson d’Oxmo. Fruit du hasard ? Oh non, juste le temps de caler une éternité pour les ex du Saïan Supa Crew. Fidèles à leurs principes, les ambiances sont loin des atmosphères néfastes du rap d’aujourd’hui. Avec deux voix bien différentes, à la manière d’un Sting et d’un Shaggy, les deux rappeurs s’accordent pour donner du punch sur 12 titres. C’est ce qui se passe quand on écoute « BAM BAM » ou le puissant « Qui suis-je ». Pour compléter le tout, Chilla apporte sa touch’ quand Ibrahim Maalouf pousse la trompette et qu’Aloe Blacc donne sa voix sur « Out of love ». Un album de bon ou de mauvais goût ? C’est tout simplement eux comme ils aiment le chanter si bien.

Oxmo Puccino – La Nuit du réveil

« Rapper, c’est être tristement célèbre ». Le king ne se fait jamais attendre, c’est lui qui attend la bonne heure pour revenir ! Ox revient dans le game avec La Nuit du réveil, un sursaut d’humeur et d’orgueil pour le roi sans carrosse ? C’est avec la guitare apaisante sur « Le Droit de chanter » qu’Oxmo commence son réveil avant d’assurer une transition sans concession. Car c’est dans le rap trappé que le king débarque avec l’excellent « Peuvent pas ». Ça divisera la jeunesse, on le sait déjà mais le rappeur du XVIIIe s’en sort techniquement très bien. On notera que le cœur et le corps sont à l’honneur avec « Le Nombril » ou la bande-annonce du passé d’Abdoulaye, merveille de chanson et franc-rappé. On se surprend même avec Orelsan sur le très enjoyant « Ma Life » et sa prod vertigineuse. S’ajoute le sucre pimenté sur du pili-pili avec Gaël Faye pour « Parce que la vie » et le duo belge Caballero & Jeanjass en videurs du « Social Club ». Il y a aussi du moins bon avant de terminer sur le titre énigmatique « Je ne reviendrai pas ». « Jamais parti, toujours de retour » clamait-il. Plus que le bpm, Oxmo on l’a dans les gènes.

PONE – Kate and me

C’est un disque un peu particulier que sort ce mois-ci Pone, producteur, notamment pour la Fonky Family. Durant sa lourde maladie dégénérative, il redécouvre la discographie de Kate Bush ; une artiste parmi les pionnières concernant le sampling dans la musique. Une évidence alors pour l’artiste qui possédait déjà une trentaine de prods utilisant ses morceaux. Mais Pone se trouve privé de ses mains. Il compose alors avec les yeux 11 titres, qui usent de la voix de Kate Bush, et déroulent des univers planants et vaporeux comme « Wake up Naïla » ou des ambiances plus sombres avec « You and me ». Des titres lents, nostalgiques, oniriques, qui prennent corps entre rythmes électroniques, basses et voix avant de rappeler toute la substance hip-hop dans l’introduction du titre final « Loin de tout ça ». Assurant la composition, la réalisation et le mixage, Pone a composé Kate and me avec la volonté « de montrer aux gens en grande difficulté physique comme moi que tout est possible ». L’album est disponible gratuitement ici.

« J’écris ce nouveau livre le cœur au bord des lèvres
Invincible, les poches vides, les salles pleines
Puis l’envie qui affiche batterie faible
C’est pas parce qu’on partage le même lit qu’on partage les mêmes rêves »

[Tout à changé] Féfé & Leeroy

CE QU’IL NE FAUDRA PAS MANQUER ///

Arm – Codé

Il revient toujours par les petites portes pour en ressortir par la grande. Arm, le Dernier Empereur de ce vieux monde remettra le couvert pour un album « concept ». Abordé sous la forme d’une « musique de film imaginaire », on retrouvera l’acerbe Vîrus, la patte de Thelonius Mooch (SCH represent’) et bien sûr la touch’ d’un Arm déjà bien rodé dans le milieu n’hésitant pas à sortir du carcan « rap » pour se frayer son propre chemin. Date de sortie ? 11 octobre 2019 !

Isha – La Vie Augmente Vol. 3

La vie augmente pour les uns, les batteries sont faibles pour les autres. Le 3e volet va pas tarder à sortir, Isha le garantit ! Fort de quelques morceaux phares lors de ces dernières années (« Au grand jamais » , « Rien », « Domamamaï »), le rappeur belge et ancien du Samu social va devoir soigner ses rimes avant l’album ! Oui, car c’est le dernier volume avant le grand saut ! On l’attend avec impatience…

Dinos – Taciturne

Après Imany qui a pas mal tourné dans les enceintes, le rappeur de la Courneuve poursuit sa route. Taciturne sera le nom de son 2e album. Un jeu de mot bien trouvé car le taciturne n’est pas avare en parlotte. Mais peut-être en franc-rapper ? En attendant, on peut revenir sur les excellents « Helsinki », ou le chouchou « Les Pleurs du mal » pour se mettre l’eau à la bouche !

Sopico – Ëpisode II

Il joue dix mille instruments et on exagère toujours un peu. Mais une chose est sûre, c’est qu’il sait gratter et bien. Sopico prépare un second Ëpisode dans le secteur. Restez prêt pour celui qui a sorti « Arbre de vie » et ses nombreux unplugged. Et ce ne sera certainement pas de la chance ou du hasard !

Fixpen Sill – FLAG

Le duo de Fixpen Sill prépare leur retour avec FLAG. Un drapeau planté à l’américaine ? Un petit pas pour le rap français, un grand pour l’humanité ? Après Edelweiss et ses petit « chefs-d’œuvre » musicaux signés par les mains de Kéroué & Vidji, on a hâte de retrouver de nouveaux classiques qui vont décrocher la lune. Ok, on met la pression !

Skalpel – Featuring

Histoire de charger la rentrée, Skalpel (qui fête accessoirement 20 ans de rap) invite pas moins d’une cinquantaine d’artistes (E.One, Sitou Koudadje, VII ou Saknes pour ne citer qu’eux) sur un album intitulé Featuring et à paraître mi-octobre. Plusieurs extraits sont déjà sortis, dont le clip de « Stranger song » en hommage aux années 80 et à découvrir dans la playlist ci-dessous.

LES AUTRES ALBUMS EN UN CLIP ///

Kery James – Tu vois j’rap encore / Odezenne – Pouchkine / PLK – Mental / Nemir – Nemir / Eddy Woogy & Lucio Bukowski – Bélugas / Sheldon – Lune Noire : Prequel / Népal – 2016 – 2018 / Vaï - Couleurs / Chilla – MŪN / Scylla – BX Vice / Swift Guad & Al’Tarba – Flashback

« Nous sommes que des conséquences

Notre passé commence avant notre naissance »

[Le Nombril] Oxmo Puccino

[Lecture] Les mains pleines de lumière par VII : dystopie vénéneuse ///

Une fois n’est pas coutume dans la Revue de Seize, on cause SF et anticipation avec le nouveau roman du rappeur VII qui ne cesse d’épaissir le mystère autour de lui. Mais pas celui d’une dénonciation des systèmes sécuritaires et inégalitaires. Dans Les mains pleines de lumière, l’auteur se saisit de la SF comme élément de contre-culture, sans se sacrifier aux codes du genre. L’histoire ? Un matin, Artiom Khan se réveille dans un vaste champ où tout n’est plus que désolation, bâtiments en ruine et nature décimée. Éjecté du monde de Galia, l’industrie qui a été élue pour diriger la cité, Artiom découvre au fur et à mesure, et notamment dans un groupe de survivants, qu’il est sur une zone irradiée suite à une explosion nucléaire. Son délit ? L’Opinion. Jusqu’ici, une simple vision (terrifiante) de société inégalitaire où chacun doit rentrer dans le rang et vivre parmi les drones.

« Le discours rodé rassurait le citoyen lambda et lui donnait l’impression de participer activement à l’effort de sécurisation. (…) Malgré la diversification des marchés des industries Galia, son activité centrale demeurait le domaine de la sûreté hypertechnologique. Dans les quartiers prisés, des caméras de surveillance équipées d’un dispositif de marquage imperceptible permettaient de “coder” un suspect à moyenne portée. » (p. 21)

Le cauchemar continue puisque les chances de survie dans ce no man’s land sont minces, et que les personnages semblent parfois délirer sur des utopies dans des débats fumeux tenus par-dessus les maigres rations de potage. Là où ça se corse, c’est lorsque Atiom décide de goûter une étrange substance lui permettant de décupler ses fonctions cérébrales et de percer les mystères de la nature humaine (rien que ça). À moins que ses objectifs soient tout autres ? VII place le décor (et les parallèles avec nos sociétés actuelles) dans une première partie qui comprend autant larges descriptions que dialogues, et toutes les interrogations du personnage principal. Pour survivre, faut-il collaborer avec son ennemi premier ? L’histoire prend en tout cas un vaste tournant psychédélique qui mélange allègrement fascination pour le cosmos et matériau métaphysique. Abordable facilement, les 190 pages du roman tissent une noirceur qui ne manquera pas de grignoter votre sommeil.

Parution le 1er octobre 2019 – 196 pages – Éditions Antimonde

ÇA SE PASSE PAS LOIN DE CHEZ TOI ///

Concert solidaire avec Cerna

Au menu, rap mais également slam pour une soirée solidaire avec Utopia 56. Rendez-vous au Papier Timbré (Rennes) le jeudi 3 octobre dès 20h30.

20e épisode

… pour les sessions Old to the new qui se déroulent au 1988 Live Club. Un anniversaire qui regroupera Casta, Borther Jorge de La Fab et Hera 44. L’anniversaire se fêtera le 12 octobre à partir de minuit.