Récompensée par le prix Artemisia* au dernier festival d’Angoulême, la bande dessinée de Claire Malary intitulée Hallali propose un univers poétique muet. Et une histoire libre d’interprétations.
Hallali raconte l’histoire d’un chasseur. Ou d’une biche. Ou d’une meute de loups. On ne sait pas bien quel fil choisir et cela n’a pas d’importance dans ce récit où le lecteur peut y traduire ce qu’il souhaite. Mais il est bel et bien question de chasse, Hallali étant le cri poussé par les veneurs lorsque l’animal va être pris. Et c’est donc au fil des cases réalisées à l’encre de Chine ou à l’aquarelle que Claire Malary donne un mouvement vif, presque haletant, jusqu’à la fusion finale.
Pas de texte dans ce récit qui mêle à la fois violence et contemplation, onirisme et réalité bestiale, seulement deux pages où paraissent quelques lignes qui ne font que brouiller les pistes. Un chasseur, une meute, un personnage féminin, ou parfois la forêt elle-même, prennent place au fil des pages qui illustrent une poursuite, un silence, un combat, une chute, révélant la brutalité des corps ou de l’affrontement. Mais surtout leur beauté. Car si la mise à mort a lieu, c’est pour révéler le mélange des techniques, abstraites à la fin de l’histoire, où la finesse et le mouvement des traits livrent un dernier impact. Une très belle première réalisation, récompensée à juste titre.
*Le Prix Artémisia, créé par l’association du même nom fondée en 2007, décerne plusieurs prix à des femmes autrices de bande dessinée.