Anciennement connue sous le nom de FIST (Films Insolites et Séances Trash), l’association rennaise poursuit aujourd’hui son entreprise cinéphile sous le nom de 97mm. À l’occasion de cette renaissance, nous avons rencontré Romane Cadoret, membre de 97mm, pour qu’elle nous présente leur projet.
■ Donc, le FIST est mort, et nous avons été ravis d’apprendre sa renaissance dans 97mm. Vous avez eu un quizz d’affiche il y a peu, et il y a aussi la projection de Paprika au Babazula qui a pas mal marché. Ca démarre plutôt pas mal. Est-ce que tu peux me parler un peu du projet global de l’association ?
Romane Cadoret : On est dans la même optique que le FIST, c’est-à-dire la diffusion de cinéma de genre et de patrimoine. Toujours des projections, toujours des quizz d’affiches. Le prochain quizz aura d’ailleurs lieu le 7 février, 20 h au Mille Potes (Métro Charles-de-Gaulle) sur le thème « Nippon ni mauvais ». Ce sera des films japonais, mais plus généralement issus du cinéma asiatique. On a aussi mis en place des boîtes à DVD, sur le principe des bibliothèques auto-gérées, pour que chacun puisse prendre un film et en re-déposer un, etc. Pour le moment, il y a une boîte au Mille Potes, une deuxième au Babazula, la dernière au Marquis de Sade. Si ça marche bien, on va en ouvrir une à la Cour.
■ Avec toutes les assos cinéphiles sur Rennes, dont on ne va pas citer tous les noms, ce n’est pas compliqué d’exister sans se chevaucher, se grignoter l’espace ?
Ben justement : Le but c’est de faire des projections les jours où ils n’ont pas de projections. En plus, c’est tous nos copains qui font le reste des projections. Donc on va s’insérer tranquillement. Et puis nous on propose un autre programme, donc il n’y a pas de risques de redites. Notre intention ce n’est pas de bouffer les autres (rires).
■ Tu as parlé de boîtes à DVD. Comment ça se passe pour déposer une boîte dans un bar ?
On prend tout simplement contact avec le patron. Ce sont des bars qu’on connaît bien, donc ils nous connaissent bien. À la Cour, le patron a hâte qu’on lui ramène une boîte ! Apparemment il a plein de trucs à mettre dedans. Si ça marche, c’est cool. On envisagera des partenariats avec d’autres établissements.
« projeter des trucs un peu plus underground, et peut-être un moins connus »
■ Oui, du coup c’est ce qui permettrait à un maximum de gens de découvrir des films, sans se ruiner malgré tout. Comme les projections dans les bar, en somme.
Exactement. Même si la projection de Paprika était compliquée, notamment avec le son… En gros dans les bars ce sera toujours comme ça. Même si le son est meilleurs, ce ne sera jamais des lieux où on pourra projeter des grandes œuvres, avoir une belle image, un beau son. Donc on va plutôt projeter des trucs un peu plus underground, et peut-être un moins connus. Pour les droits, c’est simple : on a un distributeur qui a un catalogue de 243 pages. On sait qu’on peut piocher dedans, que l’exploitation d’une copie coûte 170 €. Faut juste payer les droits, et on peut projeter sans problèmes. On va donc faire d’autres évènements, avec une jauge d’environ cinquante personnes à chaque fois, à entrée libre, pour que tout le monde puisse venir. Seulement, on a aussi besoin du soutien des gens pour pouvoir continuer d’une projection à l’autre. Si tout le monde donne un peu en rentrant dans la salle, on n’aura pas de problèmes.
■ Donc permettre l’accès au cinéma, à un cinéma de genre, qui plus est, qui n’est pas forcément projeté dans les multiplexes, et sans se ruiner ?
Tout à fait. L’autre avantage, c’est que, même s’il n’y a pas le confort d’une salle de cinéma, comme c’est un bar, où il n’y a pas beaucoup de places, les gens discutent entre eux ! Pour la dernière projection, on a fait un entracte improvisé, pour des raisons techniques… Et on pense finalement en faire des vrais, vraiment prévus. Comme ça, les gens peuvent aller aux toilettes, fumer leur clope, reprendre un coup. C’est aussi un moment sympa qu’on n’a pas au cinéma. Et puis il y a peu d’associations qui ont cette démarche, de projeter des films dans des bars, donc on a toutes nos chances là-dessus !
■ D’accord ! Alors, plus concrètement, comment ça se passe, quand on est une asso rennaise de « diffusion culturelle », pour les dossiers de subventions, pour éventuellement avoir un local, etc. ? Comment on gère la communication ?
Alors, le local, on en a pas. Avec le CRIJ, pour avoir un local il faut remplir plusieurs conditions, notamment être étudiant. On est en train de voir ça, mais pour le moment ça n’a pas abouti. Donc on fait les réunions chez le président de l’asso, mais c’est compliqué, il habite loin, ha ha ! Pour les subventions, on n’a pas encore monté de dossier. Pour la communication… Chacun s’en charge à son niveau, de son côté. Je me suis occupée de Facebook, c’est un autre membre qui s’occupe spécifiquement d’Instagram parce qu’il maîtrise bien l’outil. Et on gère ça comme ça ! Pour les affiches, c’est pareil. On a eu un problème d’organisation une fois, personne n’était disponible pour les récupérer, tout le monde bossait ou n’était pas à Rennes. Finalement c’est un membre qui a pu se libérer qui a été les chercher, et chacun a pu ensuite aller en coller à droite à gauche.
■ Finalement ça a dû marcher, puisque c’est avec la projection de Paprika que j’ai appris l’existence de l’association.
Oui, carrément. Une fois, au temps du FIST, on avait un évènement super bien organisé, on y avait passé des semaines, et finalement ça s’est planté. Là, pour Paprika, c’était un peu limite niveau organisation, mais finalement, à cette projection il y avait très peu de têtes connues, donc c’est positif : on a ramené plein de nouveaux ! C’est aussi le but de ces évènements. On sait que ça attire avant tout des étudiants, mais ça peut tout autant intéresser tout type de public. Dans notre asso, on a des très jeunes, des très vieux… Ce sont pour la plupart des cinéphiles avec une culture de malade ! On espère continuer à ramener un maximum de monde, tout public, de tous les âges.
97mm est une association rennaise de diffusion du cinéma de genre et de patrimoine. Vous pouvez les suivre sur Facebook et Instagram.