Croquemorts burlesques, pelles à la main, bandits de grand chemin des Côtes d’Armor, des ombres sortent du brouillard; Camadule Gredin, une voix et un groupe qui oscille entre univers noir et réunion vaudou. Quelques fantômes se promènent sur ce premier album mystérieux.
Gredin. Nom masculin. Personne malfaisante, dénuée de toute valeur morale, ne méritant aucune considération. Alors pouvons-nous faire confiance à un chanteur qui commence son album en nous racontant son propre meurtre et qui s’affuble du ridicule sobriquet de Camadule ? Allons-nous voir déambuler les cadavres parmi ces onze titres ? Et bien, mesdames et messieurs, oui, 666 fois oui, Monsieur Loyal ouvrira un bal macabre qui invitera le diable, les rats et les poètes maudits. Une voix rauque, un Tom Waits perdu dans la lande bretonne qui aurait grillé quelques clopes avec un sioux échappé d’un film de Jarmusch, qui à force d’avoir abusé du café (ou mis trop de whisky dedans) a pris la scène d’un vieux rade pour un club anarchiste. Vous l’aurez compris, la voix de Camadule Gredin aime s’aiguiser le granit qu’il a dans la gorge sur un vieux rock vintage.
Quand Boris Vian écrivait « Je voudrais pas crever », Camadule méditait sûrement déjà à « Je voudrais pas crever ailleurs que dans tes bras »; car dans la boue des marécages, il y a les vapeurs fascinantes de la poésie qui apparaissent. Par dessus les percussions et les pincements de la contrebasse, les petits amusements du clavier, les mots s’envolent, parfois lourds, parfois hésitants, hurlés, en complainte ou venus d’outre tombe; Camadule Gredin apporte sa touche de potion vénéneuse à ses textes travaillés. Alors même si le groupe n’a pas l’air sympathique sur les superbes photographies (en noir et blanc bien sûr) du livret, laissez vous envoûter. Camadule Gredin se fera un plaisir de vous détrousser durant votre hypnose musicale.