Peut-être étiez-vous au début du mois d’août entre Bordeaux et Marseille à siroter une piña colada le regard perdu dans le brun du ciel, rieur de vous trouver à des kilomètres de votre big boss quand soudain vous aperceviez une traînée verte, un signe extraterrestre – un trop-plein de rhum vous dites-vous. Eh non cher aoûtien, il s’agissait bien d’une météorite en train de se désintégrer sous vos yeux ! Doublement chanceux que vous êtes car c’est un évènement rare à observer. Remarquez, sauf si l’on réside à Rennes. Oui, courez au Palais du Parlement de Bretagne observer autant que vous le souhaitez des corps venus d’ailleurs. Suggestions de présentation, un dispositif d’aide à la création de la Ville de Rennes.
Angélique Lecaille a récolté une météorite parvenue à pénétrer l’atmosphère terrestre au sud de la plaine du Gran Chico (au nord de l’Argentine actuelle). Partie de cette forme singulière, l’artiste en propose des déclinaisons en matériaux (charbon, bronze, bois brûlé, etc.) et en échelles différents. Comme une sculptrice qui expérimente la matière pour parvenir à l’œuvre achevée, Angélique Lecaille présente, accentue, recherche les marques issues de l’action du temps et de l’homme sur la matière première (domaine de ses recherches doctorales). Pourquoi ce creux en losange qui revient d’un fragment à l’autre ? Est-il langage ? C’est ce que conclurent les aborigènes lorsqu’une pluie de feu s’abattit sur eux il y a 5000 ans. La forme finale est noble, le processus de création est méticuleux et contemplatif ; amis gaulois, ne craignez plus que le ciel vous tombe sur la tête !
Vous y découvrirez également des réflexions intéressantes issues des Archives de Rennes (Loïc Creff, Delphine Deshayes et Grégory Delauré) ou encore une enquête sur le paysage rural, ses transformations, sa construction et ses enjeux (Lise Gaudaire), sur la typographie (Alexandre Lemagne), sans oublier les superbes sculptures design bricolées par Sarah Luk, et le magnifique arrêt dans le temps du « sculpteur-potier-souffleur de verre » Tristan Ménez avec qui, via un dispositif ingénieux couplant le son à la lumière stroboscopique, oscillent sous nos yeux des formes florales et abstraites qui se matérialisent aussi vite qu’elles redeviennent invisibles.
Comme le titre de l’exposition* l’annonce, ce que l’on vous présente dans la salle des pas perdus n’est pas la réalité tout entière ; ce sont des recherches, des expérimentations plastiques, un enchaînement de questionnements : de l’art contemporain ! Déambulez et déambulez encore pour vous en imprégner. C’est jusqu’au dimanche 15 octobre de 14 à 18 heures.
* Une exposition proposée par Isabelle Henrion, commissaire.
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