Le duo RezO/Stavinsky revient en mai avec un nouvel opus. Ou plutôt le tome 1 paru l’an dernier auquel se greffe un tome 2. Un ajout de 8 titres qui se poursuit dans la même lignée, avec du boom bap et des punchlines lunaires en guise de fessées sur Les Hérétiques.

Pepso Stavinsky n’abandonne pas son idée fixe : les femmes. C’est donc naturellement que le premier sample sort tout droit du film L’Homme qui aimait les femmes (Truffaut, 1977). De quoi introduire « Rezinshit », qui était déjà joué sur scène; un son lourd, un clavier répétitif, pour un texte à contre-courant de celui qui se prend pour le Bertrand Morane du rap français. Si pour Bertrand Morane, « Les jambes de femmes sont des compas qui arpentent le globe terrestre en tous sens, lui donnant son équilibre et son harmonie », les productions de RezO sont sûrement les aiguilles sonores qui mettent à l’heure les titres de Rezinsky. Quelques scratches, et puis aussi des productions nostalgiques comme pour « Pigalle », en featuring avec K.Oni. Pour les invités, on retrouve la voix de Ourdia pour « La nuit s’arrête » mais également Grems pour « Petit pain blanc ».

« Parler des femmes c’est bien, parler avec elles c’est mieux »

Si à l’inverse de Brel, Stavinsky préfère entendre résonner dans sa tête « Quitte-moi », il assume son flow des étoiles avec une ode à l’amour volatile sur « Andréa », et où le son ose aussi d’autres aventures; un saxophone feutré, quelques notes jazzy, tranchant avec l’ambiance d’un « Bartabas » aux visions quasi démoniaques et au flow acéré.

Toujours accompagné des visuels de Silas, le duo Rezinsky confirme son univers entre rêves destroy, érotisme au bout de la phrase (« écrit un deuxième disque et redécouvre l’acte sexuel ») et déformation du réel. Si le rappeur lunaire joue avec le soleil comme Icare, quitte à finir avec du sang au bout de la plume, il donne également les clés pour décoller avec lui. La boucle est bouclée pour Les Hérétiques, et la conclusion est sans appel : impossible de choisir « Une parmi les mille », et la solitude est un plat qui se mange froid.