Bordeaux. Janvier 2016. Le rappeur Fellez sort 4 titres. 15 minutes de musique. En compagnie d’un arbre et d’une pirogue.
En temps normal, les projets courts restent tapis dans un coin, avant le dossier de presse d’un premier album. L’arbre et la pirogue a des qualités qui mérite déjà qu’on s’y intéresse. Fellez s’est affiché au sein du collectif Errör 404, qui a sorti No Projet vol.1 fin 2015, auquel nous conseillons aux amateurs de jeter une oreille, enfin les deux.
Tout commence ici par un crépitement. Celui du vinyle. Puis c’est un clavier. La prod se déroule lentement sous les pas de « Madame Rêve ». Un titre sur les envies inachevées, les limites palpables. Un titre nostalgique, un brin chaloupé, avec de la route et une écriture qui vise juste. À vitesse de pirogue donc.
L’atmosphère change radicalement avec « Sale soir d’été », où certains reconnaitront une prod signée Le Parasite. Le son est lourd, ça ressemble à des projets signés Le Sept (qui vient d’ailleurs de sortir Amoco Cadiz mais le sujet n’est pas là), ça parle des « familles de merde » et des interrogations douloureuses, des phases efficaces et des images fortes qui vont aussi chercher une poésie proche de la plume de Arm (« j’reprends la route, le cœur déjà frappé par la foudre »). Une pesanteur reprise avec lenteur sur « Nouvel air » où l’on perçoit au loin des sons issus de « Feeling good »; électro downtempo et phrasé rythmique, Fellez est maître à bord de son vaisseau.
Dans ses questions Fellez imagine demain sur un dernier titre; un sample avec piano et cordes que n’aurait pas renié Barbara, pour conter l’envie d’un toit pour trois, niché dans un arbre à l’abri du froid. Fellez trace ses échecs et ses désirs avec une plume convaincante et une voix prenante. 15 minutes dans une pirogue qui ne demande qu’une chose : la suite du voyage.
L’arbre et la pirogue – Un EP 4 titres signé Fellez et sorti le 15 janvier 2016 – Prods : Le Parasite, Lutopik et D Stans.