Avec le Théâtre Optikoludiks l’artiste Pierrick Sorin est fidèle à son habitude de s’auto-filmer pour se mettre en scène dans des installations vidéo délirantes, reprenant le dispositif du Théâtre Optique.
Artiste nantais, Pierrick Sorin est passionné par le cinéma muet et Méliès, ce qui se ressent dans son œuvre où il exploite toutes les techniques de l’illusion et du music-hall. Il est d’ailleurs symptomatique qu’il ait remis au goût du jour le principe du praxinoscope-théâtre d’Emile Raynaud, inventé à la fin du XIXe siècle, dans lequel des personnages sont projetés sur une plaque de verre inclinée devant un décor fixe, procédé qui a beaucoup servi dans le cinéma d’animation. Dans ses films, l’artiste lui-même se transforme en un personnage expressif nous rappelant les héros surexcités de Tex Avery.
Dans le hall des Champs Libres sont disposés une suite de dioramas de différentes tailles, aux décors variés, souvent constitués de jouets ou, fêtes oblige, de décorations de Noël. Parmi ces éléments évolue toujours le même Pierrick Sorin qui se livre à des pantomimes aux accents misterbeanesques. Pour cette exposition à Rennes il a créé deux théâtres miniatures inédits ainsi qu’une installation à échelle humaine où il incarne un Santa accompagné d’une charmante Mère Noël.
Il endosse différents rôles, pompier, magicien et même Superman, mais toujours dans un genre décalé et parfois vaguement obscène, comme par exemple quand, habillé en Père Noël/magicien dans un hologramme échelle 1, il jongle avec une baguette de pain enrubannée d’une guirlande, ou encore fait sortir des boules de Noël de la bouche de son assistante.
C’est (un peu) le même personnage qui revient à chaque fois, toujours en décalage, se livrant à des gesticulations mi-gênées, mi-impuissantes. On rit beaucoup devant le film I would like to live in a Dollhouse, délire freudien dans lequel il détaille ses traumatismes familiaux en chantant vêtu d’un peignoir rose au milieu d’un maison de poupées.
On s’amuse de ses vidéos qui jouent sur plusieurs niveaux de lecture, à même de séduire enfants comme adultes. Elles parodient à merveille les décorations de vitrines cucul que l’on a vu pulluler pendant les fêtes. Pierrick Sorin détourne savamment le kitsch de notre époque mais sans jugement de valeur, plutôt avec une sorte d’affection voire de connivence, et de façon toujours hilarante.
Les 4 théâtres optiques I would like to live in a doll house ; ; Sport en chambre et Superman a la banane ont été produits pour l’exposition Des jouets et des hommes au Grand Palais à Paris
Théâtre Optikoludiks, hall des Champs Libres, jusqu’au 24 janvier 2016