Les deux acolytes Pumpkin et Vin’s sortent aujourd’hui un projet complet en vinyle, cd et digital intitulé Peinture fraiche. Après avoir créé leur structure en 2011, Mentalow music, la scène les fait connaitre progressivement. La rappeuse et le producteur sortent deux EP; voilà désormais le long format.
Pumpkin, c’est un stylo, un micro et une voix, et elle « se fout de l’audimat »; la couleur est donnée dès le premier titre « Discipline ». Originaire de Brest (et nous cherchons encore le lien avec la citrouille), Pumpkin navigue en Europe, collabore, entre autres, avec Supafuh, et se retrouve à travailler avec Vin’s Da Cuero. Le producteur pioche un peu partout dans les univers sonores, jazz, funk, voulant donner aux productions pour Pumpkin une teinte américaine, c’est-à-dire une large dose de boom bap. C’est sans surprise donc que l’album reprend « Louder », paru sur Le Beau temps en 2014, en featuring avec Boog Brown et Rita J. (que certains connaissent à Rennes pour sa collaboration avec Doc Brrown); un titre qui s’appuie sur tout le principe de répétition binaire pour laisser les flows s’écouler. Même chose pour « Bye bye madeleine » avec Mr. J. Medeiros (The Procussions) qui fait la part belle aux scratches de Dj Lyrik. Mais l’univers sonore de Peinture fraiche ne s’arrête pas à une injection de boom bap ou d’esthétique hip-hop reconnaissable à la première écoute; l’album flirte élégamment avec l’électro, et c’est l’occasion d’une production de 20syl (Hocus Pocus) qui prend également le micro pour « Fifty-fifty ». Fifty hip-hop, fifty électro ? C’est en tout cas la recherche musicale qui apparaît dès le deuxième titre, « Mauvaise langue », ou les nappes électroniques envahissent la fin du titre, entre rythmes dynamiques et plages contemplatives qu’on retrouve sur l’instrumental « Got this ».
« Dépêche-toi de vivre, on meurt tous à la fin du feuilleton »
Contrairement à ce que pourrait laisser penser la pochette du disque (un chut-avec-du-vernis-jaune-sur-l’index), Pumpkin a pas mal de choses à dire (ce qui vaut mieux pour écrire des textes), et c’est sur « Série noire » qu’elle dresse une sorte de liste qui laisse les allitérations jongler avec les problèmes de notre temps, du réchauffement climatique aux phobies continuelles. Un texte fortement appuyé par une tension sonore servie par Vin’s Da Cuero, et un titre qui souligne la réussite de ce travail à quatre mains. Ce qui vaut mieux pour une collaboration.
Depuis ses débuts, Pumpkin ne cache pas l’influence de Mc Solaar sur son travail. C’est donc un clin d’œil que le « Rose combat » qui clôture l’album. Mais loin d’être un « hommage larmoyant référencé », le texte se penche plutôt sur la question de l’écriture et la passion du hip-hop. « Le rap féminin n’est pas un genre, merci, tant de styles que d’homologues, évitons les raccourcis (…) homme ou femme on s’en fout, faut qu’ça tue comme tabac ». Les vapeurs de Peinture fraiche sont également toxiques, et c’est donc un grand coup de rouleau textuel et de brosse musicale que proposent Pumpkin et Vin’s Da Cuero.
La sortie se fêtera le 10 juin au New Morning avec Céo et Dj Vadim
Peinture fraiche – Un album de 12 titres autoproduit par Pumpkin et Vin’s Da Cuero paru le 18 mai 2015