Sic(k) est une pièce d’Alexis Armengol, composée de plusieurs épisodes qui nous emportent dans le monde tonitruant, acide, joyeusement rock’n’roll, de l’addiction.
À travers ces différents épisodes, qui peuvent être vus comme de petits récits, Alexis Armengol nous plonge dans des développements philosophiques, sur notre rapport à l’alcool, l’addiction et finalement notre rapport à l’autre. Il convoque ici la voix de Gilles Deleuze, là celle d’inconnus, des entretiens sérieux, amusants, diffusés sur un plateau où les comédiens intègrent malicieusement ces passages sonores, en s’immisçant dans la conversation, en l’intégrant à leur propre récit. Une projection d’une pièce de théâtre. Des voix qui surgissent encore. Des objets qui débordent la scène. Et finalement, il y a une fin aux questionnements, à la déchéance, comme si la réponse avait été trouvée… « il faut aller au bout », aller au bout des choses. Oui, notre rapport à l’alcool et aux addictions en général est questionné, mais il n’est pas toujours remis en cause, il est juste bousculé… une conscience collective émerge dans la salle, lorsqu’une comédienne déclame… « On ne sent pas la mort dans l’alcool, tout est comme si Dieu existait ».
Plusieurs scènes comme des tableaux. Un mélange de théâtre d’entretien, de recherche, et de théâtre de performance.
Un des comédiens est planté à l’arrière de la scène, flanqué d’une guitare, d’où sortent des riffs électrisés, une clope pend à son bec. Un nuage de fumée forme une corolle au-dessus de sa tête, sous le projecteur. Alexis Armengol, lui, ne bouge pas, son regard est perdu quelque part dans les yeux des spectateurs, comme s’il interrogeait le fond de leurs incertitudes. Un foie géant, rouge a été ramené, il sert de canapé. Une des comédiennes, plus âgé, la voix râpée par la cigarette, des graviers dans la gorge qui donne un charme inconditionnel, raconte son rapport à la cigarette et explique que fumer relève pour elle, presque, d’un acte politique, qu’il suffit d’être réglé comme du papier à musique par des instances sanitaires, publiques, étatiques, qui nous disent ce qu’il faut faire, manger, boire, ne pas boire…
Une pièce comme une longue descente, rythmée, élégante techniquement, dans la gestion du son, de la lumière (des effets sonores et visuels intéressants, entrainants même), débridée, mélancolique parfois… Une pièce de qualité.