Le temps s’assombrit à Rennes et entre les gouttes, Mythos et son Cabaret Botanique se remplirent en ce vendredi pour une « Soirée crystal sublime, soirée hommage ultime ». De par ce temps et la programmation proposée, retour vers les souvenirs par les mots et la chanson…
Alexis HK est un habitué de ces dernières éditions de Mythos en maître de cérémonie au côté de Fixi lors des Ultrabal ! Qui firent guincher le cabaret certains dimanches passés. On le connaît aussi en grand amoureux des mots, de la chanson à textes et de ces aînés – qu’ils soient Leprest ou d’autres. Le voilà donc qui nous propose une déclaration d’amour, une revisitation du répertoire d’une icône, d’une moustache, nom d’une pipe : Georges Brassens.
Entre deux intermèdes où nous sommes tous Georges, deux trois harangues et quelques explications de textes avec le moustachu de Sète disparu, Alexi HK interprète de manière plutôt classique le répertoire de Brassens, accompagné d’un contrebassiste et d’un guitariste. À cela quelques ajouts de guitares mais surtout le phrasé d’un chanteur qui aime à discourir avec son public, jouer avec le texte original. Sans être révolutionnaire, la convocation des tubes avec truculence fait fonctionner le spectacle devant un public qui aurait sans doute voulu un peu plus.
La nuit tombe et le cabaret mue, se transformant en un espace circulaire avec la scène en son milieu. Une table et deux chaises sous la boule à facettes qui animera beaucoup plus tard le Thabor. Il pleut et on pourrait se croire à une veillée à écouter un conteur qui se livre à son public. Il y a Nicolas Rey, avec cette voix et cette scansion caractéristique des ondes radiophoniques et autres produits télévisuels. Il y a ses mots et ses mots qu’il a couchés sur le papier et qu’il nous récite. Des peurs, des angoisses, de l’autofiction se rencontrent, se percutent. Ça parle d’amour, d’évolution et du temps qui passe. Il y a des parades amoureuses, du sexe et de vrais-faux souvenirs qui viennent comme des digressions au répertoire musical de reprises que déploie Mathieu Saïkaly en écho au texte. Ce sont des hommages, c’est un peu une oraison funèbre qui pousse le paroxysme à se dévoiler en fin de spectacle. Nicolas Rey se meurt et le fait quelque peu sur scène.
Yael Naïm reste une artiste dont on a le souvenir d’un tube qui servit de musique pour une marque à la pomme. C’est aussi celui d’une reprise d’un hit de Britney Spears. Des notes de piano, une voix qui survole des ballades simples et efficaces. Pour ce concert et dans un Botanique plein comme un œuf, Yael Naïm s’entoure d’une formation solide et recrée, par la présence de ses choristes, un spectacle qui laisse une grande place à la parole et à la voix pour illustrer des textes que l’on pressent émotionnels. Il y a un charme de cabaret et de piano bar désuet qui emmène le spectateur. Et en guise de dernier rappel, un hommage, une chanson que Yael Naïm dédie à sa grand-mère.