La semaine dernière s’achevait à Rennes le festival Travelling, qui nous proposait de partir à la rencontre du cinéma norvégien. Surprises givrées et cinéma atypique, nous chroniquons aujourd’hui Un Chic type de Hans Petter Moland sorti sur les écrans français en 2011.
Le chic type, c’est celui qui, en général, passe pour une bonne poire, un peu trop naïf, un peu trop honnête. A priori ce n’est pas le cas du héros Ulrick, qui sort de prison pour meurtre. Comme définition du chic type, on a vu mieux. Bref, nous voilà donc dès le début du film face à une étendue neigeuse, belle métaphore de l’avenir glacé du mec qui sort après 12 ans de prison, avec un encouragement du gardien sous forme de bouteille de whisky.
« Regarde devant toi, jamais derrière »
Ulrick retrouve alors ses comparses d’antan, Jensen, qui s’est notamment chargé pendant son absence de verser une aide à sa femme. Jensen, brave gars à la chaîne en or et le sourire de gangster qui va avec, lui trouve un logement qui s’approche plus de la cave que du palace, et un boulot. Mécanicien dans un garage. Il le met également sur la voie de la vengeance. Au niveau du synopsis, nous n’irons pas plus loin; cela serait vous gâcher quelques petits rebondissements. Qui interviennent plutôt après la moitié du film.
Car le rythme de départ est assez lent; Ulrick boit des cafés, Ulrick tente d’apercevoir son fils, Ulrick va tirer un coup avec son ex-femme, Ulrick mange gentiment les croquettes de poisson servies par sa logeuse. Voire plus si affinités. Ulrick semble donner gentiment la patte, comme un chic type incarné par Stellan Skarsgår, acteur touchant et impeccable qui a beaucoup travaillé avec Lars Von Trier. Mais le film ne vaut pas que par ce protagoniste un peu largué; c’est surtout la galerie de personnages qu’il côtoie qui donne une touche de grotesque à des situations déjà surprenantes. Côté réalisation, le film va vite se retrouver avec des accents des frères Coen : parmi les situations improbables, il y a alternance, voire superposition, du tragique et du comique avec un certain talent. Ou comment passer de l’hilarité générale à une sensibilité à fleur de personnages, notamment avec des dialogues qui font mouche.
Malgré un univers parfois aussi noir qu’une vieille huile de vidange dans un garage miteux, Un Chic type est surtout un beau moment de cinéma décalé; sujet maîtrisé par le réalisateur qui a signé un nouveau polar l’an passé, Refroidis, avec cette fois-ci face à Stellan Skarsgård, l’acteur allemand Bruno Ganz. L’occasion de revoir donc, Un Chic type, qui est également un chic film. Chic alors.