En première partie du concert d’R.Wan au Diapason lors du dernier festival Mythos, le collectif GdRA (Groupe de Recherche Artistique) donnait une représentation de sa dernière création, Roërgue. Un spectacle hybride, aux frontières de différentes disciplines qui vont de la vidéo au ciné concert, du slam à la lecture, du rock à la musique d’ambiance, le tout sur une thématique particulière : territoires.
Au début du film, des cartes, pour amener le spectateur vers le prolongement de ces zones géographiques (en l’occurrence le nord de la Bretagne), à savoir les individus qui le composent. Face à la caméra, douze individus qui se livrent, évoquant leur histoire (le deuil, l’exil) ou s’investissant dans une technique traditionnelle locale (la harpe, la danse, le chant breton). Sans pudeur dans les mots mais avec respect dans la poésie, le GrDA accorde donc ses mots et ses instruments sur les images qui oscillent entre documentaire et expérimentation vidéo. Beaucoup de jeu entre le rythme de la musique et celui des images, des ambiances électrique saturées ou planantes, une lecture de haut vol, le GrDA finalement se lance dans une mise en scène esthétisée de ces morceaux de vie. Et ils ne s’en sortent pas trop mal; des plans fixes s’échappent des sourires, de tous ces parcours ressort une humanité bigarrée, des regards croisés entre enracinés et déracinés, effleurant la question de l’intégration, de l’engagement écologique ou de la conservation d’un patrimoine.
En faisant exploser les frontières artistiques, Roërgue fait également bouger celles qui sont administratives, s’attachant à poser un regard bienveillant sur le quotidien de ceux qui y vivent, et y construisent leur identité.
Une création originale, souvent touchante, parfois drôle, qui mérite d’être vue. Des images plein les yeux et des mots plein les oreilles.
Plus d’informations sur le site du collectif
Conception, texte, musique, guitare et instruments à vent : Christophe Rulhes
Scénographie et électronique : Julien Cassier
Prosodie, texte : Sébastien Barrier
Batterie : Camille Gaudou
A partir d’entretiens et de films réalisés par le GdRA