Face au coup dur qui attend le régime d’intermittence, saltimbanques, amateurs et professionnels du spectacle en tout genre retournaient dans la rue mercredi 14 mai pour une action « paillettes », un show pro-Medef à l’allure décalée.
« Faites des enfants, pas des intermittents ! »
Voici ce qui émanait de l’extravagant cortège de soutien aux intermittents mercredi 14 mai, déambulant entre la place de la Mairie et l’esplanade Charles De Gaulle avec une bonne centaine de participants. Sur des pancartes caricaturistes, un cravateux au nez difforme et au regard teigneux exige des intermittents qu’ils se trouvent un vrai boulot. Cet homme caricaturé n’est autre que Pierre Gattaz qui, en plus de son mandat de président du M.E.D.E.F., cumule le rôle clef du film Le loup dans la bergerie, Golden Globes de la « best arnaque » que le cortège emplumé et endimanché va présenter en avant-première au cinéma Gaumont. Un tapis rouge est déroulé, on acclame une dernière fois tous les stagiaires, intermittents, précaires ou simples consommateurs d’art avant leur extinction prochaine. Car, petit rappel ironique : bien que les démarches et signatures d’accords semblent interminables et sans conséquence directe sur le régime des intermittents du spectacle, le nœud coulant finit petit à petit par étrangler un à un tous ces artistes.
Et ce 14 mai précisément se signait un accord entre l’U.N.E.D.I.C. (association chargée de la gestion de l’assurance chômage) et le M.E.D.E.F. Il m’a été rapporté que nous attendions encore des clarifications sur l’article 13 de l’accord national interprofessionnel relatif à l’indemnisation du chômage de l’Unédic, et que nous ne pouvons, dès lors, affirmer avec conviction que les modifications futures des règles d’indemnisation se feront sans l’aval du gouvernement. Une fois la situation clarifiée, on ne regarde plus ce cortège de la même façon : l’enthousiasme s’avère être un inébranlable déterminisme, les sourires sont emprunts de cynisme et pour la photo finale à l’intérieur du Gaumont au milieu d’explosions de confettis, les rires jaunissent. R.I.P. Culture.
Le mouvement pousse en tout cas à l’imagination ; découvrez l’un des épisodes vidéo réalisés en guise de parodie.