Mythos 2014 : interview de Féloche, oiseau siffleur

Jeudi 16 avril, le Thabor se remplit au soleil et le festival Mythos commence à accueillir son public. C’est entre un café et quelques balances que nous posons quelques questions à Féloche, qui doit ouvrir à 18h la soirée Cargo en partance.

Un artiste qui a signé l’an passé Silbo, un très beau disque qui invite à l’imaginaire, au rythme, et à la simplicité. Sourire franc et regard curieux, amusé, Féloche semble comme un poisson dans l’eau à Mythos, quelques heures avant son concert qui durera une petite heure sur la scène du Magic Mirrors.

feloche-mythos2Bonjour Féloche !

Salut l’Imprimerie Nocturne !

Question toute bête, pourquoi la mandoline ?

J’ai tout simplement eu des idées avec la mandoline. J’étais guitariste dans un groupe de rock punk ukrainien qui s’appelait VV (ndlr : Vopli Vidopliassova) ; mais en guitare j’arrivais pas à trouver de musique pour moi, des musiques personnelles, je tombais toujours sur les mêmes accords. Alors qu’avec la mandoline je suis tombé tout de suite sur des trucs sympas. L’instrument je l’avais trouvé comme ça dans une brocante. Les idées m’étonnaient un peu, donc j’avais plus d’envies.

Et tu as glissé comment du punk vers la chanson ?

Ça s’est pas fait comme ça, c’est super long ! Mon premier album est sorti 11 ou 12 ans après ma première chanson qui s’appelait « La Vie Cajun ». En fait le disque est sorti il y a quatre ans. T’imagines le temps qui passe !

« La musique, c’est ça qui est important, c’est d’être instinctif. »

Tout ce travail est nourri de voyages…

C’est pas tant que ça en fait. Je crois que le plus long voyage c’est le voyage intérieur ; j’adore voyager, mais j’ai entendu une interview de Philippe Katerine et je suis complètement d’accord, où il dit qu’on se trouve plus dans le voyage car on est vraiment en alerte, on n’est pas en représentation. On est fatigués aussi quand on voyage, et quand on est fatigués il y a des choses plus personnelles, inconscientes, qui ressortent, on va à l’essentiel. On est plus à l’écoute, on fait gaffe, on est plus animal, plus instinctif. Et la musique, c’est ça qui est important, c’est d’être instinctif. Je suis long dans mes réponses non ?!

(sourire) Non. Tes sources d’inspiration viennent instinctivement alors ?

Un disque c’est un best of, y a plein de trucs nuls qui sont pas sur le disque. C’est ce qu’on veut dire officiellement, on choisit sa plus jolie photo, on se met sous le jour, même pas forcément le plus joli. J’ai des chansons qui cassent la tête sur l’album, mais c’est parce que j’ai envie que les gens dans leur chambre ils cassent tout, par exemple, c’est une intention. Les sources d’inspiration c’est jamais pareil, c’est plus la musique d’abord, les sonorités, puis après j’ai un thème qui me vient, je me dis « tiens pourquoi pas ». L’autre jour j’étais à Milan, y avait des jeunes qui vendaient du shit et il y en a un qui m’a dit « moi j’ai arrêté, parce que l’autre fois j’ai pas fumé. Et j’ai rêvé toute la nuit. » J’ai trouvé que ce serait un bon thème de chanson, les mecs qui veulent rêver la nuit, pas le jour.

feloche-silbo

Ton dernier album s’appelle Silbo…

J’espère que ce sera pas le dernier !

Le silbo c’est un langage sifflé, Féloche c’est un surnom de Félix ; comment tu abordes la matière textuelle, ce rapport au langage ?

Je décale un peu les trucs, par les sons et les sens. En français je pense qu’il faut jouer sur les sonorités, en anglais aussi de toute façon. La musique pour moi l’idée c’est surtout de danser. J’ai un tempo qui revient souvent, et les mots c’est quand même une histoire, ça raconte quelque chose, une situation, une émotion. Ce qui est génial c’est qu’à la fin on te raconte une histoire en dansant. C’est comme la chanson des Rita Mitsouko, avec Marcia Baila (Féloche mime la danse) « Marcia Baila elle est morte ». Ça pour moi c’est la meilleure chanson française. Mais tu peux aussi danser sur « Avec le temps ». Quand même !

Sur ce disque il y a beaucoup de collaborations, Rona Hartner, La Yegros, comment ça s’est fait ?

C’est du plaisir, c’est de la musique, alors autant appeler les gens qu’on aime ! Rona Hartner j’étais tombé presque amoureux, je dis presque parce que c’était un film, c’était pas elle ; dans Gadjo Dilo, j’étais un peu comme Romain Duris qui part enregistrer une chanteuse, je partais enregistrer en Arménie, partout, et dans le film Duris tombe amoureux de Rona Hartner, ça m’est resté. Un jour elle jouait juste après moi, j’étais resté en backstage, je la voyais se préparer. C’est un numéro, elle est très drôle, c’est une artiste et elle transforme les choses d’une manière artistique, même d’une situation galère ; c’est ça finalement les artistes, comment s’en sortir avec une pirouette, avec une idée en plus. Dans tous les arts c’est ça, tu transformes la réalité avec une pirouette, ça peut être marrant, tragique aussi.

« Les rennais, ils vont au Bout du Monde ? »

feloche-mythos1Justement sur ce rapport aux arts, sur le titre « Mémoire vive » tu parles des souvenirs « montés comme un film de Godard » ; t’as un rapport particulier avec ce réalisateur ?

J’ai fait un bac cinéma, et Le Mépris était au bac, j’ai dû le voir plus de 30 fois. C’est tombé comme ça pour la chanson, ça a du sens, et en même temps ça sonne bien.

Après cette date, quels sont tes projets ?

Cet été je joue pour le festival du Bout du Monde ; je peux l’annoncer ce soir ? Les Rennais, ils vont au Bout du Monde ?

■ Pas mal oui ! C’est la première fois que tu viens au festival Mythos ?

Oui, et j’adore la programmation ; je trouve que je vais bien dedans, avec mes thématiques mythologiques, je suis content de le chanter là.

■ Pour conclure, quel serait ton dernier coup de cœur artistique ?

La vache, je sais pas. Heureusement t’as dit artistique, ça ouvre sur plein de choses. J’ai été bouleversé par le film Henri de Yolande Moreau, c’est le plus beau film français que j’ai vu depuis longtemps.

Le site de Féloche

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