Jeudi 10 avril, le label KDB records organisait à l’Antipode un double plateau de Brest au Bronx : Mina Raayeb et Oddateee, qui avaient la rage au micro (le tout ponctué par des djs sets de Clr T-Resa). Retour sur le concert.
Une date dans l’undergound du rap : l’Antipode accueillait deux esthétiques rap, différentes sur la forme, peut-être pas tant sur le fond. Tout d’abord avec la formation Mina Raayeb venue de Brest, portant notamment son album Opponents paru en 2024. Un rap coup de poing, avec un fond rock façon Rage against the machine, et une formation instrumentale basse/synthétiseurs (Xavier Guillaumin) et batterie (Anthony-Mehdi Affari) qui donne toute l’ampleur sonore au projet.
Programmé lors des Transmusicales 2024, le trio pèse, dans le son et les mots, avec des titres qui s’en vont dans une noise massive, alternant avec des nappes plus aériennes, et parfois un phrasé du rappeur Lemmy Delamarre qui rappelle la diction de Kae Tempest. Bref Mina Raayeb c’est du lourd, on en redemande, et on vous conseille de ne pas rater leur passage si vous en avez l’opportunité.
Oddateee, le message est inscrit sur le t-shirt.
Opportunité, c’est le mot qui pourrait s’associer à rareté pour la programmation du rappeur Oddateee. Diffusé un temps par Jarring effects, ayant collaboré un peu partout, autant avec le légendaire KRS-One que le groupe High Tone, à la fois rappeur, dj et producteur, inutile de se taper la bio touffue du bonhomme qui d’entrée de jeu place sa production musicale et sa présence scénique comme iconoclaste. Originaire du Bronx et désormais installé à Lyon, il défend en tous cas son dernier opus fraîchement sorti, Rabbit season.
Fustigeant les téléphones portables dans les 3 premières minutes, il enchaîne les titres et les postures physiques, et son flow envahit le club de l’Antipode, absorbe le public, parfois pointé avec un flingue imaginaire quand il s’agit d’illustrer les morts par balle aux États-Unis. Oddateee, les deux pieds dans le monde et sa noirceur, ses peurs et ses colères. Sons tantôt dansants tantôt industriels, plus d’une heure de rap brut. Bim, dans la tête.
