Clémence Colin : le chant au bout des doigts

Elle chansigne dans le duo Albaricate : Clémence Colin a le sourire malicieux, et l’expression artistique au creux des mains. Rencontre avec l’artiste qui se produira lors du prochain festival Mythos à Rennes.

 

clemence albaricate (1)

« Il n’y a que les entendants qui pensent que la musique c’est du son ! »

Le chansigne, c’est le chant en langue des signes et l’expression artistique de la Rennaise Clémence Colin. Sourde de naissance, baignée dans un environnement musical par son père, elle parcourt les troupes de théâtre amateur jusqu’à se lancer dans la musique. Aujourd’hui, c’est principalement en duo avec son compagnon, Samuel Genin, qu’elle se produit au sein d’Albaricate, programmé à la Péniche spectacle pour la prochaine édition du festival Mythos. Un spectacle prévu autour du répertoire d’Anne Sylvestre. Clémence Colin serait-elle aussi « une sorcière comme les autres » ? À en regarder sa bibliothèque, assurément oui. « J’adore Virginia Woolf. J’ai l’impression que chaque fois que je lis un livre d’elle, elle est incapable comme moi de se fixer sur un sujet, elle écrit comme ça, elle part et elle revient. J’ai eu une période Emily Dickinson, Rosa Luxembourg avec ses lettres en prison, Leslie Feinberg avec Stone Butch Blues… Beaucoup de choses aussi sur le cinéma, si je vois un film je veux en savoir plus sur la réalisatrice comme Chantal Ackerman, j’ai le même mécanisme sur les expositions où je peux me rendre ».

« Je me suis remise à conduire
Et je chante toute la journée
Je me sers même un petit kir
Avant d’aller me coucher
Mon mari n’aimait pas ça
Mais mon mari n’est plus là »
Impasse des cormorans, Albaricate
clemence albaricate (2)Quand on demande à Clémence si elle est féministe, la réponse est simple : « Je suis femme, je suis sourde, j’ai déjà un contexte d’oppression. Quand tu regardes la société, tu vois comment elle marche, tu vois qu’il y a un souci ! ». Une réflexion qui souligne également tout le pan du validisme, et du manque d’accès à l’éducation pour les personnes sourdes.
Pour le projet Albaricate, les textes sont écrits à deux : « j’ai une écriture qui est visuelle, je comprends pas du tout le principe des rimes, c’est un monde inconnu ! Samuel remet des choses en place à ce niveau-là. »Chaque personne chansigne à sa façon ; Clémence utilise la langue des signes françaises, mais la forme est poétique ; « je ne chansigne pas comme on discute dans la vie, parce que tu ne chantes pas dans la vie de tous les jours à moins que tu sois dans un film de Jacques Demy ! ». Si Clémence était un lieu dans Rennes ? « Le parc Oberthür. Enfin surtout parce qu’il y a le grand canard blanc que j’ai appelé Gontran, et j’adore Gontran, donc j’adore Oberthür ! »
Pour aller plus loin :
> Inouïes, portraits de femmes sourdes – Éditions Inclood – 2019

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