Miséricorde, ou la cueillette des champignons

Des morilles, un cadavre, un curé homosexuel : voilà ce qu’Alain Guiraudie met dans le panier de son dernier film, Miséricorde, sorti au mois d’octobre. La saison des champignons, donc, et une belle fricassée policière.

Saint-Martial, commune paumée dans le Sud aveyronnais. Jérémie (Félix Kysil), ancien employé boulanger revient dans le village suite à la mort de son ancien patron, laissant sa veuve Martine (Catherine Frot) et son fils Vincent, qui n’est pas franchement commode, et c’est comme ça qu’on se retrouve dans le pétrin. Jérémie reste, tente de renouer contact avec le bourru Walter, se fait soupçonner de draguer Martine par le fils jaloux, et paf, le drame survient. Vincent disparaît (on ne vous dira pas comment) et Jérémie erre dans son destin un peu bredouille, comme les champignons qu’il s’acharne à aller ramasser, tout comme le curé (le cèpe, c’est une religion).

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Jérémie, sous le doigt accusateur du curé du village; sûrement une histoire de girolles

Instillant une ambiance rurale, un peu « inquiétante mais pas trop », avec des « rebondissements » mais pas trop, c’est un rythme particulier qui anime le film, avec une superposition des intrigues et le spectateur se retrouve comme le curé : à la chasse aux champignons. Le récit nous balade, chaque mensonge du héros ajoutant une part de ricochet et parfois même de grotesque : jusqu’où le scénario ira-t-il pour dynamiter les codes et les profils des protagonistes ? Jouant avec quelques répliques bien placées, tournant autour d’un ou plusieurs penchants homosexuels, conviant les gendarmes à l’apéritif anisé, Saint-Martial devient le théâtre d’une enquête qui oscille entre drame loufoque et rire aigre-doux. Un film noir qui s’avère comédie grinçante tout en conservant une part de mystère. Jusqu’à la fin. On frôle le génie d’une nouvelle forme d’humour, à savourer comme une bonne omelette.

Miséricorde – Un film d’Alain Guiraudie – Avec Félix Kysyl, Catherine Frot, Jean-Baptiste Durand, Jacques Develay, David Ayala – Sortie : 16 octobre 2024 – Durée : 1h43

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