Vendredi 1ᵉʳ décembre, c’est un concert complet (depuis plusieurs mois) qui se jouait à l’Antipode. Et pour cause, l’une des dates de la tournée de Blonde Redhead y était programmée.

En première partie, c’est Quinquis et son dernier album Seim qui a déroulé musique électronique et chant hypnotique ; des titres chantés en breton, accompagnés aux machines, par Emily Quinquis, dans la prolongation de son projet solo Tiny Feet. Un vent d’Ouessant, qui cite légendes et histoires, ou encore son inspiration dans le livre de la cycliste Emily Chappell ; chaque composition a son univers, qui transporte, remue, sorte de houle musicale, aussi contemplative que percutante, qui se clôture par le récit du covid et le défi de reprendre « Take my breath away ».

Défi tenu, avant que le trio Blonde Redhead ne monte sur scène. Alors qu’il viennent de sortir l’album Sit down for dinner, le groupe new-yorkais entame son set par « Falling man » issu de Misery as a butterfly (2004) et « 23″ (de l’album du même nom, 2007). Des titres plus anciens qui vont prendre une belle part dans la soirée, en alternance avec les nouveaux, et rappelant toute l’évolution du groupe, échappé d’une noise qui les a longtemps mis en comparaison avec Sonic Youth, et qui assume désormais totalement sa part pop, son goût pour les mélodies superposées. Car, avec les voix de Kazu Makino et Amedeo Pace, ce sont aussi celles de leurs guitares qui prennent leur part de lignes entêtantes. Un savant mélange indescriptible et un son qui fait leur marque de fabrique. En fond de scène, de grands panneaux jaunes à taches pailletées sont déroulés ; dans la salle blindée, le public entonne les refrains, et en redemande. Les rythmes de « Snowman » s’éparpillent comme des flocons, et la puissance du son trouve, avec fascination, son contrepoint de légèreté. Une date que nous n’oublierons pas de si tôt.