Avec son titre en clin d’œil à Magritte*, le nouvel ouvrage paru aux éditions du commun propose de visiter non pas le dessous des cartes** mais plutôt de mettre en lumière des cartographies comme outils de lutte, à travers 21 exemples choisis à travers le monde. Et Ceci n’est pas un atlas.
À l’heure où nous sommes (presque) tous·tes géolocalis·ées, que nos trajets sont fléchés de bout en bout, que le moindre GPS ne nous laisse plus nous perdre en route, les éditions du commun proposent un ouvrage singulier en ce printemps 2023 : Ceci n’est pas un atlas. Il ne s’agit pas dans le livre de dessiner de nouvelles cartes*** mais de présenter différents exemples chapitrés. Repenser la carte avec ses récits, et non comme une représentation topographique façon IGN. La carte devient rapidement un outil critique.
Ici une radiographie de l’agrobusiness et des mines géantes en Argentine par le duo iconoclasistas
Au sein des luttes, la carte permet notamment de servir d’outil d’éducation populaire, de pouvoir redessiner des statistiques comme la carte des expulsions à Oakland ou encore la carte genrée des noms de rue à Vienne en Autriche : un outil visuel qui rend compte des situations. Des travaux présentés à chaque fois dans le livre par leur porteur de projet, qui s’appuient bien souvent sur des communs numériques dont l’incontournable Openstreetmap. Il s’agit aussi ici de s’éloigner de plans figés; car les cartes ici sont mouvantes, à l’image des cordelettes du travail de Nermin Elsherif qui illustrent les récits personnels de Port Saïd en Égypte. Mouvantes comme les eaux méditerranéennes face auxquelles se développe le projet Alarmphone pour faire pression sur les autorités lorsqu’il y a un navire en détresse. Mouvantes pour représenter l’exil depuis l’Afghanistan. Ceci n’est pas un atlas pique la curiosité et propose en fin d’ouvrage un Petit manuel de cartographie collective et critique afin d’organiser vous-même votre atelier.La parution du livre donne également lieu à une exposition à La Chambre claire de l’université Rennes 2 jusqu’au 31 mai. Un livre essentiel dans lequel se perdre aisément.
*Clin d’œil lui même emprunté par Doreen Massey dans For space : « Mais la carte d’une géographie n’est pas plus cette géographie – ou cet espace – que la peinture d’une pipe n’est une pire.
**En référence à l’émission non moins intéressante Le dessous des cartes diffusée sur Arte
***Même si leur prochain ouvrage à paraître offre une carte d’une petite cité finistérienne dont nous reparlerons sous peu
