Ernest et Célestine : le voyage en Charabie

Imaginée à partir des albums illustrés de Gabrielle Vincent, la version d’animation d’Ernest et Célestine enchante autant par le fond que par la forme. Le duo improbable et malicieux revient dix ans après le premier volet. Et ils tombent… en pleine dictature.

Imaginez un monde où la musique est interdite. Ou, tout du moins, une seule note y est autorisée. C’est ce qui arrive à la Charabie, le pays qu’a quitté l’ours Ernest. Célestine, la petite souris, qui vient de casser le stradivarours de son ami, n’a pas froid aux yeux et fonce pour tenter de retrouver Octavius, le luthier qui pourrait bien le réparer. Mais pour ça… il faut se rendre en Charabie.
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Bienvenue en Charabie, où la résistance musicale est recherchée
« C’est comme ça et pas autrement ! »
Voilà la devise de la Charabie, étrange pays situé sous une épaisse couche de nuage et qu’on atteint en téléphérique. Un pays coloré, peuplé de panneaux et de singuliers feux multicolores. Mais de musique, non, surtout pas. Même les chants d’oiseaux y sont formellement interdits, et les pauvres volatiles chassés à coups de jets d’eau. Mais c’est sans compter sur les interventions du justicier saxophoniste Mifasol qui donne du fil à retordre aux forces de l’ordre…
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C’est ainsi et pas autrement en Charabie, qui pourrait bien correspondre à un pays lointain, ou finalement peut-être pas tant que ça si l’on considère un simple musicien de rue pouvant porter atteinte à l’ordre public. Tout l’intérêt et la finesse d’Ernest et Célestine résident dans sa capacité à posséder deux niveaux de lecture : un pour les enfants qui se feront une joie de suivre, avec rires ou émoi, les aventures des deux compères, et un pour les adultes qui sauront y discerner tous les traits d’une dictature (lois absurdes, justice intraitable, mise en prison immédiate). Mais les émotions qui s’en dégagent, notamment en ce qui concerne l’amitié de l’ours et la souris, peuvent évidemment se vivre sans distinction d’âge. L’écho de l’histoire apparaît en un simple plan d’ombres d’instruments dans la nuit : la suggestion vaut parfois mieux qu’un long discours.
Avec la joie de retrouver les voix de Lambert Wilson et Pauline Brunner, il comporte néanmoins un peu moins de surprises de réalisation  »parce-qu’on-connait-déjà-les-ficelles », peut-être un poil moins mordant que le premier opus ; il en reste une fable anti-autoritariste et un dessin animé intelligent et sensible, qui peut se voir de 4 à 104 ans. Ne boudons pas notre plaisir, il est encore autorisé.
Ernest et Célestine : le voyage en Charabie – Réalisé par Julien Chheng et Jean-Christophe Roger – Durée 1h19- Sorti le 14 décembre 2022

 

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