Une exposition interroge les particules invisibles et une énergie insidieuse en abordant le thème du nucléaire ; »Quelques-uns riaient, d’autres pleuraient, la plupart restaient silencieux » est encore visible jusqu’au 16 décembre à la galerie Art & essai de l’université Rennes 2.
Qu’on se le dise : l’accueil de cette exposition est totalement bidon. Et pour cause, elle commence dès l’extérieur avec ce tonneau de déchets, dispositif d’alerte signé Mardi noir, connu pour ses interventions dans l’espace public. À l’intérieur, plusieurs œuvres qui partent de la réflexion du philosophe Jean-Jacques Delfour : « Nul besoin d’être un savant en physique atomique pour avoir le droit moral et politique de penser le nucléaire ». Exposition en prise directe avec nos actualités concernant l’énergie; mais l’exposition ne va pas dans cette direction. Il est question ici d’observation : de journaux télévisés reconstitués en mosaïque, des retombées de Fukushima, de réacteurs photographies lors d’un tour de France en mobylette.
Une partie est aussi faite à l’esthétique sixties de Jacques Castan, par le biais d’affiches et de la bande dessinée Sophie et Bruno au pays de l’atome (1961); illustrateur de la radioprotection au Service de Protection contre les Radiations, la présentation de son travail dénote avec le reste des œuvres; alors que le Parlement européen a classé le nucléaire parmi les « énergies vertes », il semble que le travail de désinformation sur les dangers du nucléaire continue de fonctionner. Reste à se rattraper parmi la sélection de livres en fin d’exposition pour se faire son idée, avec un retour arrière sur Plogoff, ou, plus judicieux, des ouvrages sur la zone d’enfouissement de déchets à Bure, avec notamment la bande dessinée Le droit du sol d’Étienne Davodeau. Nous nous permettons d’ajouter cette suggestion de lecture, Le nucléaire n’est pas bon pour le climat d’Hervé Kempf paru en septembre dernier.
Les artistes : Renaud Auguste-Dormeuil, Denis Briand, Jacques Castan, Bruce Conner, Dorian Degoutte, Julie Giraud, Isao Hashimoto, Nicolas Lelievre, Jurgen Nefzger, Jean-Gabriel Périot, Arzhel Prioul, Anaïs Tondeur. Commissariat d’exposition : Bruno Elisabeth