Le groupe toulousain Krav Boca rebranchait les micros et les guitares fin mars pour un nouvel album intitulé Pirate Party. Un disque constitué de rage, d’un peu d’amertume et toujours éclairé au fumigène.
« On ira hurler au milieu des loups, on ira danser au milieu des fous » Arraché
Chaque système possède son virus, et Krav Boca reste là pour le rappeler, un après leur album Barrikade. Le groupe parle toujours depuis les luttes, traçant des ponts entre la Grèce, le Maroc et l’hexagone, et en laissant autant la détermination s’exprimer que la réalité de vies morcelées. Le groupe parle depuis les hangars désaffectés, les toits d’immeubles, les sous bois. Le groupe parle depuis les teufs réprimées, avec une intro au fond sonore de tech’ et d’aboiements de chiens. Le groupe parle depuis les quartiers populaires, depuis les fenêtres de leur camion qui sillonne les routes. Le constat est amer et déprimant, ce qui est sûr c’est que la rage est restée là, à hauteur de l’écœurement. Plus viscérale. Incrustée dans des titres nerveux, souterrains et globalement plus lents qu’à l’accoutumée (à l’exception de « TN punx » et « ACAB »).
La musique de Krav Boca arrive à se démarquer, principalement avec le son de la mandoline qu’on entend pas franchement tous les matins, et qui devient une sorte de point d’équilibre régulier entre le rap des textes et les compositions au punk rugueux. Grosses guitares pour propos lourds, coups d’accélérateurs pour propulser l’énergie. Et ils ne le font pas seuls : en feat avec la rappeuse Ratur pour « Arraché », Lee Reed sur « Control », il y a quasiment un·e invité·e sur chaque titre. Si sous les pavés il y a la plage, sous les cagoules il y a la rage. Un album sombre, un album peut-être perdu en haute mer; l’occasion de lever le drapeau pirate ? « C’est l’oppressé contre la répression ».
En concert à Rennes le 12 mai, à Bressuire le 13 mai, à Landerneau le 14 mai
Pirate party – Un album de Krav Boca sorti le 20 mars 2022 -10 titres