Mythos, une 25ᵉ édition pleine de promesses

Le programme est sorti, nous l’avons épluché et voici ce qu’on en a retenu : la promesse de beaux moments sur les scènes de Rennes et de la métropole, des déhanchements sous le chapiteau et sur le dancefloor, de la poésie, de la colère, beaucoup d’espoir, de la couleur, de la lumière. Rendez-vous du 1ᵉʳ au 10 avril pour cette 25ᵉ édition de Mythos.

 

Mythos revient après deux années en veille. En 2020, le confinement a eu raison lui. L’année suivante c’est un « ersatz de festival » qui a eu lieu, dixit Maël Le Goff, directeur du festival. Étalé sur une saison, il a tout de même permis de maintenir le lien avec un public accablé par la famine culturelle. « On a envie de partager de nouveau des moments collectifs, de regarder vers la lumière. Cette année, on va faire un vrai festival ». Une lumière malgré tout affaiblie par le bruit des bombes. « Faire du spectacle vivant, permettre aux artistes de continuer à faire de la poésie, c’est une manière de lutter pour nos espaces d’expression ».

De la poésie au programme donc, sur les planches et les scènes de 25 lieux à Rennes et alentour. Avec comme tous les ans, le QG installé au Thabor, buvette et Cannibale Cabaret inclus. Tous les soirs à partir de 23 h, ce sera aussi là qu’on ira se réveiller les guiboles sur le dancefloor, gratos. Alors, que retenir de cette prog bien dodue ?

Chapiteau Mythos ©Loewen

©Loewen

 « On a envie de partager de nouveau des moments collectifs, de regarder vers la lumière. Cette année, on va faire un vrai festival »

Planches

Alain Damasio déjà, le premier jour du festival à l’Aire Libre. Il nous emmène dans son univers anxiogène et néanmoins « poéthique », suite sonore de son roman Les Furtifs. Avec à ses côtés Yan Péchin, dieu de la guitare période Bashung, Rachid Taha, Higelin, on peut s’attendre à une lecture fiévreuse, bien rock. À l’Aire Libre toujours, Julie Berès revient à la charge après Désobéir, gros succès de l’édition 2019. Cette fois la metteuse en scène a dégoté huit garçons à la fois danseurs, performeurs et comédiens. Créée en novembre dernier, La Tendresse interroge leur rapport à la virilité, questionne leur place dans une société patriarcale et finalement notre liberté à tou·te·s de s’émanciper des clichés.

Performances

Coup de cœur des programmateur·rices, le duo burlesque Bert and Nasi promet un moment irrésistible. Dans The End, présenté au CCNRB, les deux compères esquissent la fin de leur monde, et accessoirement du nôtre, dans un mélange de théâtre, de danse, de clown et de performance ultra pêchue. Et à l’occasion de leur résidence pour leur prochaine création, ils ont choisi des seniors pour jouer, danser et grimacer avec eux.

Au théâtre du Vieux Saint-Étienne, le couple qui forme le groupe Chiendent se déchire et se reconstruit sous nos yeux dans un diptyque, Incossolable(s) et Chien·ne. La première est une performance intense, une expérimentation de la séparation en direct. Elle et il se mettent en danger pour nos beaux yeux et tentent de réapprendre les gestes de la vie sans l’autre. Dans la deuxième, il et elle posent sur la table le schéma familial et culturel qui les a amenés là, et trucident à la fois le Père, le héros viril masculin et les archétypes de nos identités de genre. Sanglant.

Toujours au Vieux Saint-Étienne, la compagnie Le Grand Cerf Bleu nous invite à un banquet un peu loufoque, sorte de mini-festival DIY avec pour thématique l’engagement citoyen : Robins-Expérience Sherwood, version anticonsumériste et écolo de Robin des Bois. Il paraît que vous pourrez même monter sur scène boire un coup avec eux et tirer à l’arc, alors pourquoi se priver ?

Sébastien Barrier

Sébastien Barrier ©Karine Baudot

Génération spleen

À noter aussi, Bob et Moi, autobiographie de la relation qu’entretient Alexandre Virapin avec Bob Marley. Touchant et galvanisant, c’est à voir au théâtre du Cercle mais aussi en extérieur au Roof-Origines et à la Maison du Citoyen, dans le cadre de la programmation Hors-pistes.

Au TNB, Sébastien Barrier convoque Ceux qui vont mieux, cinq personnalités connues ou pas, dans une espèce de messe où il sera question de leur retour depuis les tréfonds de la mélancolie. L’habitué des longues performances non chronométrées a promis que celle-ci ne durerait pas plus de 2 h, mais sommes-nous prêt·es à le croire ? Dans Les Possédés d’Illfurth, Lionel Lingelser joue tambour battant une foule de personnages dans une sorte de polar fantastique et halluciné. Grosse performance en perspective.

Si vous êtes avide d’un moment intimiste, allez voir Le Chant du père, une histoire intime sous forme de conte, à écouter assis sur des tapis autour de la comédienne Hatice Özer. Enfin on vous a déjà parlé de Fracassé·es (à lire ici), qu’on a hâte de découvrir en attendant le concert de Kae Tempest à Rennes (cet automne nous a-t-on promis).

 

Musique

Côté lives, l’équipe de Mythos a prévu se faire croiser toutes les générations sur la piste de danse. Aux déjà-venus Peter Doherty (« oui mais sobre cette fois »), Delgres, Rodolphe Burger, Thylacine, General Elektriks ; aux bien connus Keziah Jones, Gaëtan Roussel, Hubert-Félix Thiéfaine, Benjamin Biolay, Alexis HK, La Maison Tellier, Java ; s’ajoutent des projets pas banals. Ainsi, Camille promet de nous faire entrer en transe en faisant chanter le public tout autour d’elle, Jeanne Cherhal nous cause de sa cinéphilie au coin de son piano, Yseult dévoile une nouvelle facette dancehall, H-Burns rend hommage à Léonard Cohen, Fixi et Nicolas Giraud (moitié de Java) à Tony Allen, avec Tempo Tempo, et Théo Ciccaldi à la culture musicale éthiopienne, avec Kutu. On n’oublie pas bien sûr le grand Youssoupha, ni le déglingo Jacques.

Parmi les nouvelles têtes, Chien Noir (chansons mélancoliques à la voix masculine fragile), Janie (chansons mélancoliques à la voix féminine fragile), Tallisker (voyage multilingue à la sauce electro-trap-violoncelle) seront à voir en accès libre à la scène 17, dans les jardins du Thabor. Avec en prime, Tallou, pépite RnB à la voix de velours dénichée par un groupe de jeunes programmateur·rices en herbe accompagné·es par le 4bis. Dans la catégorie artistes qui poussent, on demande l’incroyable Crystal Murray et sa puissante voix soul de plus en plus rap, la sensible Charlotte Cardin, la réconfortante November Ultra, les frangins nostalgiques de Terrenoire ou encore la combattante Kalika.

Sous chapiteau

Mythos nous promet quelques belles teufs sous chapiteau. À commencer par une soirée à bien transpirer le 1ᵉʳ avril, qui verra s’enchaîner Casey sur son projet punk rap Ausgang, le couple rock psyché The Limiñanas sur leur album avec Laurent Garnier, puis Étienne de Crécy pour plier tout ça. Le jeudi suivant, on naviguera de l’électro rock de General Elektriks, à la minimale de NTO en passant par la house un peu pop de Myd. Intense transpi. Samedi 9, on dansera sur les rita-mitsoukiens Barbara Rivage, vus aux Transmusicales 2021, la toujours incroyable Crystal Murray, les furieux·ses de Bagarre club pour finir avec les pépites chinées à travers le monde par Guts. Moiteur tropicale. Avant de se dire à l’année prochaine, Vaudou Game et Java chaufferont le chapiteau en prévision du bal de clôture ouvert à toutes et tous. Sauna.

 

Festival Mythos, du 1ᵉʳ au 10 avril

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