Rennes Ville Rock, le dernier comptoir

Actuellement dans les bistrots, un spectacle porté par David Perrot et coécrit avec Thomas Lallement se joue : Rennes ville rock. Un clin d’œil à la musique ? Un peu, mais surtout un vibrant hommage aux zincs cradingues et aux rades conviviaux.

 

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« Dis donc vous êtes coriaces à la Mairie quand même ; désolé, mais je vais pas le répéter 50 fois, c’est pas à vendre, c’est pas à vendre… ce n’est pas à vendre ! Tu te lasseras avant moi ! Moi j’aime bien ma vie comme elle est, j’aime bien mes clients, mon bar c’est ma maison ! »
rennesvillerockLe décor est planté : un comptoir posé là, le patron du lieu ne veut pas vendre pour que son bistrot devienne un énième bar à cocktail. Toute ressemblance avec la réalité ne serait que… la réalité ? Avec ce texte d’une heure, Rennes ville rock pointe les changements de la ville, qui a glissé de son aura des Transmusicales dans le centre au Parc exposition, des bars punks à une plaquette lisse pour touristes. Des bistrots qui ont souffert de la pandémie, bien sûr, mais surtout pour leurs côtés conviviaux. Leur rôle social, celui des rencontres, celui du café pas cher, celui du café qu’on peut prendre gratuitement avec un café suspendu, le café celui qui n’existe pas dans les quartiers sans âme qui ont fleuri ici et là au fil des ans.

« Ils me font marrer ces jeunes, ils viennent souvent ; quand ils sont arrivé à Rennes, ils me disaient , “Ouais Rennes on nous a dit que c’était la java, rock’n'roll et tout ça, mais on se fait un peu chier comme des rats… elle est où la ville rock ?” Y paraît qu’avant c’était mieux.

Ouais ouais. De toute façon c’est sur c’était mieux avant, si tout le monde le dit, c’est que c’est vrai ! Le mieux d’ailleurs c’était tout au début, quand on était à poil dans des grottes en train de peindre sur les murs. »

C’est bien sûr l’humour qui domine, dans les dialogues tenus avec des clients imaginaires (ou que l’on s’imagine cachés dans le public venu nombreux), de l’humour grâce à une chaudière ou un poste radio qui fait notamment passer Laetitia Sheriff dans la bande son : et non, le rock c’est bien aussi maintenant. Un humour parfois potache lorsqu’il s’agit de faire du air guitar avec un manche à balai. Un humour qui transpire aussi bien sûr l’expérience, côté barman comme côté client. Un humour enfin dans ce « monologue pour un patron de bar », qui amène aussi l’émotion, l’émotion des bistrots que l’on connaît ou que l’on a connus, dont les noms défileront au creux d’un poème, l’émotion de voir une ville qui se transforme avec la crainte de ce qui pourrait y disparaître.

« J’ai l’impression d’être le capitaine d’un bateau pirate cerné par les corsaires ennemis. Le dernier rempart contre les bars à cocktail ou les cafés pour trentenaires qui boivent une bière en parlant de leurs enfants, Myrtille et Théodule et de la coopérative de start-up. »

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Rennes ville rock – Texte : Thomas Lallement et David Perrot //Mise en scène : Thomas Lallement //Son : Thomas Lallement //Jeu : David Perrot //Affiche : Jo Pinto Maïa

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