S’affranchissant des codes du genre, trois artistes signent avec Des vivants une bande dessinée historique à mettre entre toutes les mains pour 2022. Une œuvre unique avec la Seconde Guerre mondiale en aplat de fond.
Au scénario, Louise Moaty (poétesse, metteure en scène) et Raphaël Meltz (fondateur en autres de la revue Le Tigre) qui ont une envie : raconter le Réseau du musée de l’homme, l’un des premiers mouvements de la Résistance française. Proposition est alors faite au dessinateur Simon Roussin d’illustrer le récit.
On commence alors à suivre Paul Rivet, directeur du lieu, qui placarde alors au musée le poème If de Rudyard Kilpling lors de l’entrée des Allemands dans Paris en juin 1940. Les mots pour résister, c’est ce qui occupera aussi le journal clandestin Résistance sous l’impulsion de Boris Vildé et Yvonne Odon, dont nous suivons les réunions au fil des pages. Les rendez-vous, dangereux, où l’on croise des noms connus comme celui de Germaine Tillion, d’autres moins comme Agnès Humbert. Si la chronologie historique est le fil du livre, le parti pris graphique s’affranchit des règles d’illustration du genre ; partout, un jeu sur trois teintes principales (le violet, le vert, et l’orange), des éléments parfois précis, d’autres aux traits plus flous. Et parfois des cassures comme de grandes doubles pages à fond noir pour évoquer, notamment, la prison. Ce sont les arrestations qui finissent par arriver, notamment en raison de l’infiltration du réseau par Albert Gaveau, agent du Sicherheitsdienst, service de renseignement nazi, et mènent à la fin tragique des condamnations du 17 février 1942 (dont 10 condamnations à mort).
Des vivants remet en scène un pan méconnu de la Résistance. À lire, relire, offrir, prêter, relire. Surtout en 2022.