Midnigth traveller, d’Hassan Fazili et Emelie Mahdavian : le calvaire quotidien vécu par les demandeurs d’asile sur le chemin triste de l’Eldorado convoité.
Filmé avec très peu de moyens (3 téléphones portables), Midnight traveller documente l’épopée d’une poignée d’Afghans qui décide de fuir la menace talibane de plus en plus pressante. Le réalisateur et sa famille, soit sa femme, elle aussi réalisatrice, et leurs deux filles, traversent les frontières, au péril de leurs vies. Sur leur route, longue et harassante, des passeurs sans scrupules abusent de leur vulnérabilité. Ils connaissent les marches sous la pluie, les errances de nuit avec leur maigre paquetage, l’attente (dans des camps surpeuplés, mal équipés, insalubres, entourés de barbelés, soumis à des administrations aussi lentes qu’opaques), l’ennui, les matelas de fortune et les regards inhospitaliers des populations locales abruties par les propagandes sécuritaires et nationalistes de mauvais aloi. Ils subissent la xénophobie. Leurs dossiers prennent un temps fou pour être examinés – des mois ou des années.
Loin du cinéma dit de divertissement mais au plus près des tragédies de l’époque, Midnight traveller, sobrement, démontre implacablement qu’entre le réel enduré par les réfugié·e·s et les grands et généreux principes du droit international censé protéger les victimes des tyrannies existent une litanie de pièges et d’humiliations.
Quelques rires d’enfants, le vol parmi les nuages d’oiseaux libres (qu’on imagine migrateurs), la complicité entre les époux ou des vagues espiègles sur les rives d’une mer étrangère illuminent fugacement ce road-movie qui illustre à merveille les vertus de la pugnacité et de la patience dont font preuve les exilé·e·s qui candidatent pour une vie meilleure, sous des cieux accueillants.
Midnigth traveller, d’Hassan Fazili et Emelie Mahdavian, musique de Gretchen Jude (qui souligne les aspects anxiogènes de cette odyssée des temps modernes), 2019, 1 h 27.