Jukebox #11 février 2021

À températures hivernales, réchauffement musical ! Des découvertes en tous genres pour des disques en guise de bonnet. Bonne(s) écoute(s) dans le jukebox de ce début d’année !

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San Salvador – La Grande folie


 

C’est un projet un peu fou comme l’indique le nom du disque ; un collectif né en Lozère qui assemble 6 voix (3 hommes, 3 femmes) pour des titres à la folk hypnotique, quelque part entre la transe autour du feu et l’évaporation des nappes de brume sur les plaines. Car il s’agit ici de polyphonies occitanes, accompagnées sobrement de quelques percussions. Tout un travail autour des traditions orales et du collectage, pour une sincérité vibrante, exaltée dès le premier titre « Fai Sautar » (« Ça va sauter, la prison est pleine à craquer, faisons sauter les barreaux et les chaînes et libérons-nous collectivement. »). Le sextet (présent lors des Transmusicales 2019) livre un disque aussi surprenant qu’abouti, puisant sa force dans les musiques populaires ; une réussite à écouter sans modération.

8 titres – 22 janvier 2021 – Pagans


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Gisèle Pape – Caillou


 

Le deuxième opus de Gisèle Pape s’appelle Caillou. Pourtant, sa voix est légère. À moins qu’il ne s’agisse d’un caillou rebondissant ? Qu’importe, la voix de Gisèle Pape se fraye un chemin entre les mots sur des compositions oniriques, parfois teintées de musiques électroniques. Gisèle Pape va à la piscine pour parler des corps olympiques (« Les nageuses »), à la montagne pour se faire ensorceler par l’imagination (« Flashés par le vide »), se réfugie dans un univers plus intimiste (« Luciole ») ; une poésie délicate et une voix sensible, parfois contrastant avec des univers sonores plus sombres comme « Peau fine ». Dix titres, dix chansons, dix petits cailloux à conserver précieusement, surtout « À l’heure où la lumière dort ».

10 titres – 29 janvier 2021

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Delvon Lamarr Organ trio – I told you so


 S’il y a bien un disque qui peut vous donner du baume au cœur pour ce début d’année compliqué, c’est le dernier opus du Delvon Lamarr Organ Trio. Les neuf titres du disque I told you so sont un subtil mélange de jazz-funk avec une jolie patine soul, dont les notes de répétées de guitare en suspension sur « Call your mom » pourront vous faire planer, voire voyager dans une Amérique vintage désormais disparue. Un univers sonore que n’auraient pas renié James Brown, ou plus récemment Charles Bradley, la voix en moins puisqu’il s’agit d’un album 100 % instrumental. Sublimes accords du génie Delvon Lamarr sur « Girly face », jeux de réponses avec la guitare de Jimmy James sur « Fo sho » ou « I don’t know » et rythmiques groove à la batterie (Dan Weiss), le trio vous fait tout simplement prendre votre pied en 40 minutes de musique. Oh yeah.

9 titres – 29 janvier 2021 – Colemine records


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Antoine Loyer & Mégalodons malades + Bégayer – Sauce chien (et la guitare au poireau)


C’est un album sans barrière, sans étiquette, qui serait une sorte d’expérimentation folk où il est question de faire fondre du beurre pour des petits pois sur la première chanson intitulée « Patate ». Disque pour enfants ? Pas si sûr, même s’il faut pouvoir s’y plonger avec innocence. Se laisser engloutir par cette petite cuisine musicale qui fait parfois grincer les instruments ou inviter un chœur ; en somme, ça gratouille et ça chatouille étrangement. Plonger dans cette sauce alternative qui n’hésite pas à mélanger bruits de gorge et rythme de comptine (« Penchés ») ou faire rimer « Titeuf » avec « œuf » sur la chanson arrosée au jus de pamplemousse « Nevena ». On est pas sûrs d’avoir tout compris, mais est-ce bien important ? Antoine Loyer fait sa cuisine, apportez vos couverts, c’est plutôt bonne franquette.

13 titres – 22 janvier 2021 – Le Saule

 

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Azmari - Samā’ī


 2015, Bruxelles. Un collectif du nom d’Azmari* voit le jour. Se plaçant sous la bonne étoile de leurs inspirations (Fela Kuti, Mulatu Astatke ou encore Cymande), le groupe livre avec Samā’ī plus qu’un album mais une véritable expérience sonore, entre contemplation et transe. Ce premier opus constitué d’un afrobeat tendance ethio jazz sautille dès « Cosmic Masadāni », tout en laissant place à des moments quasi dub. Histoire de voyager totalement ils intègrent à leur formation des instruments turcs tels que saz Bağlama et le kaval. Ici une touche de rock psyché, ici une digression orientale, l’ensemble des 9 titres tissent de nouvelles lignes musicales sur les routes africaines des touaregs. Un bijou instrumental et rythmique à découvrir impérativement.

* Chanteur et musicien éthiopien, équivalent d’un griot ou d’un barde.

9 titres – 22 janvier 2020 – SDBAN records

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We Wolf - In the coming days


C’est un EP de rock brut et trempé dans l’acier que présentaient les Rennais de We Wolf. In the coming days, hein, comment seront-elles, ces journées de demain ? Abrasives sûrement. Déterminées ou déterminantes ? Dès l’introduction avec « Homo sapiens », We wolf frappe fort en riffs, percussions et clavier : « time to disappear » résonne dans le texte. We Wolf s’interroge, décolle avec le très beau « Emma », et donne surtout envie dans ces jours à venir de les écouter sur un album complet. À découvrir aussi pour leur côté cinématographique et le clip d’ »Homo sapiens » réalisé en 2019 par réalisé par D. Leroyer et M. Delbeke.

4 titres – 8 janvier 2021


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Daniel Pabœuf - Ashes ?


Depuis 2016 et le mouvement contre la loi Travail, c’est devenu une manie dans le ciel rennais que d’avoir un hélicoptère tournoyant. Le saxophoniste Daniel Pabœuf en a fait le point de départ de son dernier album, Ashes ?. Neuf titres accompagnés par Thomas Poli et Nicolas Courret. Neuf titres qui laissent autant place à l’instrumentation qu’à la voix (en anglais pour leur majorité), à la noirceur comme les pas lourds de « Who will remember », devenant quasi mécanique sur « War ». L’époque est sombre, l’époque serait-elle en cendres ? Daniel Pabœuf pose la question sur ce premier album solo, brillamment ténébreux.

9 titres – 5 février 2021

bacchantes


Bacchantes – Bacchantes


Dans la mythologie grecques, les bacchantes sont les prêtresses œuvrant aux festivités du dieu Bacchus. C’est aussi un groupe de 4 musiciennes* d’aujourd’hui. Le lien entre les deux paraît peu évident et pourtant ; elles construisent leurs morceaux sur d’anciens poèmes, y associant les esthétiques de leurs parcours : noise, pop, folk et lyrisme (ce dernier point étant inclus dans leur identité vocale). En naissent des chevauchées musicales comme « Fiers tyrans », des ambiances plus mystiques comme « Marine » ou carrément endiablées pour « Rumeurs nocturnes ». Les bacchantes seraient-elles aussi sorcières ? Elles livrent en tout cas un premier album intemporel et fascinant.

* Pour détailler : Astrid Radigue, Amélie Grosselin, Claire Grupallo et Faustine Seilman.

5 février 2021 – Figures Libres Records

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Jehan – Vivement maintenant


 

C’est un disque de chansons qui ressemblerait un peu à un coin de bistro, à des guitares flirtant sur un roadtrip poussiéreux aux États-Unis. La voix, parfois rocailleuse, de Jehan délivre des textes à la poésie du quotidien, sorte de bande son qui aiderait à nous rappeler que nous ne sommes que de passage (« Saint Quentin ») ou faire de belles déclarations d’amour (« Tellement te dire », qui introduit l’album). Tantôt avec un aspect de ballade folk (« Même plus peur »),  invitant quelques ambiances plus électriques (« J’ai dormi »), le quatuor qui accompagne la voix de Jehan forme un écrin simple sans tomber dans le simplisme, jouant avec un équilibre de cordes ou de clavier qui laisse toute sa place aux textes. Un quatrième opus qui ose dire sans artifice « Vivement maintenant ».

12 titres – Novembre 2020


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Mesparrow – Monde sensible


Quatre ans après Jungle contemporaine, Mesparrow revient avec 11 titres, débutant par le superbe velours de « Saudade » ; « au ralenti tombe le noir, scène de film qu’on a vu quinze fois ». Sur cet écran cinématographique qui emprunte tant aux orchestrations lyriques qu’aux boîtes à rythmes, mélangeant allègrement les sons et les mots, c’est un monde à part entière qui émerge ; sensible en effet. À la fois fondant et réchauffant, de la ronde indolente de « Force sensible » à l’aspect plus dénudé du titre de clôture « Elle rougit », Mesparrow affirme sa singularité sur la scène française tout en signant un ode à la fragilité, comme avec « Différente ». Pour toutes celles qui sont « trop » ou « pas assez ».

11 titres – 15 janvier 2021 – Yotanka


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Nombre Z - Horizon criminel


Poursuivant sur leur lancée, les Rennais de Nombre Z signaient en ce début d’année leur premier album complet. Au micro, Says pour un flow qui tire parfois vers le chant saturé. Aux claviers, Joris Prigent et des boucles parfois hypnotiques comme sur « Virus » (décidément, c’est de saison). Histoire de rythmer le tout, Denis Poulain à la batterie complétant « l’érosion » de quelques roulements. Au final un son toujours hybride, qui emprunte à une sorte de rock progressif sauce un brin hip-hop tendance poésie punk. What ? Le mieux serait de les voir sur scène pour déguster leurs sombres ambiances, qui s’allègent malgré tout sur le final « Planax ».

8 titres


Et pour clôturer cette sélection de disques, un choix totalement subjectif avec le dernier titre de Françoiz Breut, « Mes pêchés s’accumulent ».

 

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