Point de réouverture à l’horizon…

L’ensemble des lieux culturels attendait les annonces de janvier en espérant pouvoir rouvrir leurs portes ; il n’en est point question, et c’est à s’arracher les cheveux. Tribune libre suite à la mobilisation de la Coordination des intermittent·e·s et précaires (CIP) du jeudi 7 janvier 2021.

La situation est préoccupante ; alarmante ; terrifiante, on ne sait plus vraiment quel(s) mot(s) utiliser. La fin de l’année 2020 a marqué un pas de plus, pour ne pas dire creusé un fossé avec une ligne de démarcation : ce qui est essentiel et ce qui ne le serait pas. Alors qu’en novembre 2020 la majeure partie des activités économiques reprenaient malgré un nouveau confinement, toujours rien pour les lieux culturels (salles de concerts, théâtres, cinémas, musées, etc.*). Des lieux qui ont pourtant fait preuve d’une adaptation sans failles durant l’année : concerts masqués, 1 siège sur deux, réorganisation des espaces, et surtout, aucun cluster déclaré. Contrairement à ce qu’affirmait Jean Castex le 15 décembre, non, l’ensemble des pays européens n’a pas maintenu la culture à l’arrêt.

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Jeudi 7 janvier, 500 personnes sont rassemblées devant le théâtre de la Parcheminerie de Rennes à l’appel de la CIP. Des revendications claires : la réouverture des lieux, l’étendue de l’année blanche pour l’ensemble des intérimaires, saisonniers et personnes travaillant dans l’événementiel et sa prolongation tant que les conditions ne sont pas revenues à la « normale ».

Cette non-réouverture de janvier met à terre ceux qui ont tenté de poursuivre (quand ce fut possible !) leurs créations fin 2020 ; les programmations ont continué de naviguer à vue : intenable quand on sait qu’il sera impossible de « rattraper » le retard pris depuis le printemps 2020. Mais ce qui devient totalement délirant à en fumer des hosties par paquet de 10, c’est que depuis décembre les lieux de culte sont eux, ouverts. Le spectacle est donc autorisé, mais uniquement à la messe (ou pour voir Miss France dans une galerie marchande). Nous en perdons notre latin comme ce fut le cas à l’été 2020 pour l’ouverture du Puy-du-Fou. Pendant ce temps, les cafouillages sanitaires, les fermetures de lits dans les hôpitaux, les couvre-feux,  la perforation de tentes d’exilé·e·s en plein hiver et le fichage des opinions se poursuivent allègrement. Mais nous dévions, nous dévions, que diable allons-nous faire dans cette galère ?

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La spécificité (et la précarité) du régime intermittent**, à laquelle s’ajoute la réforme de l’assurance chômage (reportée à avril 2021), plonge ainsi l’année dans l’incertitude la plus totale : malgré la prolongation des droits jusqu’à l’été 2021, qu’en sera-t-il de celles et ceux qui n’auront pu renouveler leur nombre d’heures, faute de représentations ? Combien de métiers au statut différent (auto-entrepreneur, boîtes de communication, vendeurs de ballons) impactés ? Et quel terrain de désolation sociale alors que la France a désormais franchi le seuil des dix millions de pauvres en 2020 ?

Pour l’heure, aucun visibilité sur une date de réouverture tandis que le variant anglais du Covid-19 ne chante même pas « Eleanor Rigby ». Nous n’aimons pas la culture sur écran de tablette ni les concerts dans des bulles en plastique. Nous rejoignons l’ensemble des lieux culturels qui clament pour leur réouverture et les collectifs militants qui réclament un autre modèle de société. La suite, nous n’en savons à cette date du 11 janvier, strictement rien. Nous garderons notre mot d’ordre : restez curieux. Inventifs. Créatifs. Imaginatifs. Et solidaires.

* Nous pensons également aux cafés, restaurants, et autres lieux de vie sociale, cette vie sociale contaminante passé 20 h et bien plus qu’une cantine scolaire…

** Nous avions tenté une explication dessinée en 2014, on s’arrachait déjà les cheveux.

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