3 annonciations mis en scène par Pascal Rambert est présenté du 29 septembre au 7 octobre 2020 au TNB. 3 annonciations pour trois actrices, un travail autour de la langue. Et un art du tableau, passé présent et futur.
Il s’agit d’un triptyque de femmes interprétées tout d’abord par l’Italienne Silvia Costa, qui évoque un texte dans sa langue maternelle. Ses mots évoquent un monde ancien. Elle est habillée par la costumière Anaïs Romand d’une robe rouge et porte des ailes aux dessous colorés.
Cette ange évoque les fluidités et des forces à remanier. À plusieurs reprises, son buste s’élève vers le spectateur et dévoile un torse nu. Les clairs-obscurs inspirés par Le Caravage permettent de mettre en évidence des corps travaillés en lumière par Yves Godin. La deuxième annonciation est jouée par l’Espagnole Bárbara Lennie, portant une robe noire et une grande couronne ornementée. Son corps est en élévation, elle évoque d’ailleurs la verticalité, la hauteur et l’insoumission. Elle proclame un corps sans organe et la douceur d’un duo en marche. Elle peut faire penser à une divinité aztèque mais elle est l’incarnation de la Vierge. La troisième annonciation est interprétée par la Française Audrey Bonnet qui est une astronaute dont le texte évoque un futur détruit. Elle parle longuement de son enfant et des souvenirs de son enfance. Les corps de ses femmes semblent hybrides quand elle se déshabillent et peuvent faire penser aux corps peints de Roberto Matta. Les transitions entre ces femmes s’enchaînent en fondus noirs et par leurs différentes langues. La femme devient ici synonyme de multiplicité, de force et de courage.
Le décor est ponctué par un texte blanc dicté par les actrices et retranscrit en direct, dans un fond noir total. Un vase avec un lys ne bouge pas sur toute la totalité de la pièce. Les sons sont sourds, langoureux et répétitifs, ponctués de touches électroniques, produisant des sensations de flux hypnotiques. Un tableau vivant, sur un texte qui sera prochainement publié chez Les Solitaires intempestifs.