Après une longue absence, le duo Murmures Barbares reprend le temps à son compte avec Mantras, leur dernier album. Sorti le 18 septembre dernier, ce « passage » sonore marque un nouvel élan pour Idal & Hook, les deux membres de cet étrange tribu. Une bonne nouvelle pour 2020 !
« Ça fait longtemps que l’avenir est fuckep up
Je me sens inutile comme une révolution
J’tire la gueule comme un jour d’automne
Mais mon rap sera vu du ciel comme la pollution »
Murmures Barbares nous avait laissé un beau souvenir musical avec leur premier album éponyme. C’est d’ailleurs l’occasion de le réécouter ! Depuis 2013, ils se sont terrés dans le silence après cette belle débauche d’énergie. Quant est-il de cet opus sorti de nulle part et dans un contexte si particulier ?
« Et j’entends tout ce rap dans mon crâne comme des mantras qui m’entravent » écrivait Nekfeu sur « Humanoïdes ». Le mantra, basé sur « le pouvoir supposé du son » réside grosse modo en « la justesse de sa prononciation [qui] est traditionnellement jugée importante » nous assure le prophétique wiki ! Alors balayez tout ce que vous avez retenu jusqu’ici, les Murmures ont épousé le bruit comme caisse de résonance sur Mantras. Minimaliste mais pas simpliste, les sons arrivent via une déferlante de vagues ou par « Magma », première salve de ce 10 titres. Cette première éruption démontre un besoin d’extérioriser pour des murmures de plus en plus criant. La donne est là et cette tendance s’alourdit au fur et à mesure qu’on avance dans l’écoute.
« Putain, c’est dur d’être pur »
Texte épuré, ponctué du phrasé et du timbre délicat d’un Idal toujours aussi sobre et sans artifice, l’album est calé sur une ambiance indus’/rap/electro qui nous installe dans une atmosphère aussi pesante que l’année 2020. Le travail de Hook sur les productions est encore à « surligner » ! Sombre mais lumineux, Mantras marque un virage à 90° par rapport à tout ce qu’on leur connait ! Clairement, ils n’auront pas le tube de l’été pour ceux qui veulent danser comme des zombies, mais le mercure du thermomètre sonore joue aux montagnes russes à l’aube de l’automne. Avec la jungle de « Pur » en toile de fond (un « big » morceau) ou les clins d’œil à l’ancien et au nouveau monde sur « Mithridate », la philosophie presque masquée de Mantras dévoile un « moi » qui prend une place à part tout au long de l’album. Face à un monde qui avance à reculons ou l’inverse, la voix du rappeur belge prend du volume avec Phénix, en duo avec Arm, un adepte des Psaumes. Une conclusion toujours un peu hâtive pour ceux qui regarde l’heure, qui nous rappelle qu’on devra réécouter l’album pour en filtrer toutes les subtilités.
Avec Mantras, Murmures Barbares arrive à nous surprendre encore dans une autre registre. L’étrange a toujours quelque chose de spécial ! Du moment qu’il reste quelques lueurs entre l’égo et le karma !
« Est-ce moi qui suis devenu toxique
Ou l’air qui est irrespirable ?
J’ai mis mon crâne est en orbite
J’porte les bagues de Mithridate »
Murmures Barbares – Mantras - disponible sur leur bandcamp