Dieu existe, son nom est Petrunya, de T. Strugar Mitevska

Dieu existe, son nom est Petrunya, de la Macédonienne Teona Strugar Mitevska : un film qui rend un bel hommage à cette moitié de l’humanité si souvent malmenée.

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À Stip (Macédoine, cf. le drapeau ci-dessus), les traditions sont coriaces. Petrunya, au cœur de cette histoire, va en faire la démonstration, à ses dépens – mais également aux dépens de ces traditions pesantes qui ont souvent besoin, pour évoluer, d’être égratignées, confrontées à leur aberration, transgressées. Petrunya est sans emploi, malgré – ou à cause d’ – un diplôme d’historienne et d’une vivacité d’esprit qui confine à l’anti-autoritarisme. À 32 ans, elle vit cependant toujours ses parents. Son père est débonnaire et sa mère amère, voire toxique. L’un déplore avoir travaillé dur toute sa vie durant pour offrir à la génération suivante une situation enviable – et constate qu’on lui lègue surtout du chaos. L’autre a une langue de vipère et sa fille en fait régulièrement les frais.

Intervenant quasi par hasard dans un rite réservé jusque-là aux hommes (censés récupérer une croix de bois, lancée depuis un pont dans le torrent du village, pour s’assurer une année favorable), Petrunya (Zorica Nusheva) va devoir traverser les épreuves réservées à quiconque remet en cause les superstitions religieuses et les carcans patriarcaux.

PetrunyaPetrunya (Zorica Nusheva) est en place dans la salle des interrogatoires du commissariat de Stip, qui compte sans doute parmi les plus incroyables salles d’interrogatoire du monde entier.

Cadrages soignés, petites touches d’humour qui font mouche, situations au fort potentiel comico-tragique, héroïne au courage et à l’intelligence bien trempés, Dieu existe, son nom est Petrunya se situe dans la tradition de ces films (Irina Palm de Sam Gabarski, avec la très épatante Marianne Faithfull, sorti en 2007 ; Les femmes du bus 678 de l’Égyptien Mohamed Diab, sorti en 2012 ; La belle et la meute de la Tunisienne Kaouther Ben Hania sorti en 2017) qui apportent de l’eau vive au moulin de l’émancipation féminine.

Dieu existe, son nom est Petrunya – Drame macédonio-belgico-croato-slovéno-français de Teona Strugar Mitevska – Avec Zorica Nusheva, Stefan Vujisic… – Durée : 1h40 – Sortie le 1er mai 2019 – Prix du jury œcuménique de la Berlinale 2019.

 

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