Le jeudi midi du 5 avril, se jouait, ou se testait, De la Mort qui tue de et par Adèle Zouane, à la Péniche Spectacle. Une heure sur la question de l’au-delà.
D’abord Adèle nous fixe. Puis, bim ! elle nous pose directement une, deux, douze questions, à nous, public bien éveillé (il est quand même 12h30 !) lové dans ce petit cocon de velours et de bois qu’est la Péniche Spectacle (où nous aimons toujours autant nous glisser pour savourer des spectacles forcément intimistes de par la configuration du lieu).
Très pragmatiques, les questions. Candides aussi. Mais pas que. On lui sourit, on acquiesce de la tête, du regard ; on regarde la personne qu’elle a élue comme cible de sa question suivante, on se dit « hmm tiens elle a raison j’ai jamais pensé à ça comme ça ! » Et puis, Adèle pousse le bouchon. Là, on se prend à pousser un petit borborygme de dégoût (pas trop fort parce qu’on veut pas trop gêner non plus, mais un petit peu quand même pour abonder dans le sens de la comédienne. Après tout, ça va lui faire plaisir, et on a envie de lui faire plaisir, à ce petit bout de femme qui glousse et, on le voit bien, déguste sa présence devant nous, à l’idée de nous proposer ce petit voyage « pour de rire » en terre inconnue et redoutée). Pousser gentiment nos limites, en nous ayant acquis à sa sympathique harangue ?
« C’est ça la mort ? C’est une péniche qui reste sur place pour l’éternité ? … C’est vous ma mort ? La mort c’est des gens qui me regardent et qui attendent que je parle ? … C’est par où, pour apparaître à ses proches ?
Adèle nous expose des faits (sur la décomposition), des calculs (sur le nombre de mètres cubes de papiers à trier qu’on laisse à ses proches), des expériences, dont une possible de mort imminente, des conclusions, des conseils (en prévoyant par exemple la posture dans laquelle vous voudrez être retrouvé·e, ou bien votre dernière phrase – si tant est que vous sachiez reconnaître le moment où vous la prononcerez) ; et aussi quelques accès de crise d’angoisse ! Et puis elle nous rassure, elle prend soin de nous après avoir jubilé de nous avoir un peu bousculé·e·s.
« Toutes les bonnes choses ont une fin ! » Répétons après Adèle, en bonne vieille méthode Coué : « Je vais mourir, et c’est normal ! »
On s’amuse beaucoup, on pense à la mort (mais pas trop parce qu’au bout d’un moment, ça mine le moral), on l’apprivoise, avec Adèle. On la calcule, on la nomme, on la moque, on la théorise, on l’imagine, on la mime, on la prépare avec les conseils d’Adèle, et pourquoi pas la scénariser à l’avance ; et puis on l’éloigne, en finissant en verlan, une petite chorale de « rires mous ». Parce que ça dédramatise, de rire, même mou !