Ulrike Meinhof – 68-76 RFA, d’Alain Lacroix

Ulrike Meinhof – 68-76 RFA, Alain Lacroix : l’histoire d’une révolutionnaire qui a sacrifié sa vie pour un combat.

 

533x800_Ulrike-MeinhofLes éditions Pontcerq aiment s’attarder sur les « perdants » de l’histoire, ces héros et héroïnes des mouvances alternatives (communards bannis en Nouvelle-Calédonie ou communistes allemands du XIXe méconnus comme Georg Büchner) qui nagent à contre-courant des dogmes dominants qui imposent leurs lois. Nous voici en compagnie d’Ulrike Meinhof (1934-1976), figure de la Fraction armée rouge. Comment cette jeune femme qui fréquente les squats de Berlin-Ouest, travailleuse sociale, scénariste de film, chroniqueuse politique dans des journaux militants comme Konkret, engagée contre l’aliénation des masses, mère de 2 enfants, mobilisée contre la guerre au Vietnam menée par les Américains, contre la surconsommation et l’injustice sociale, indignée par la presse réactionnaire et les hautes sphères (y compris celles de la justice et du gouvernement) noyautées par d’ex-nazis* qui surent tirer les marrons du feu en évitant les purges et les peines, glisse peu à peu dans l’illégalité et la lutte armée ?

Avec ce récit à la première personne, on pénètre l’intimité de ce groupe d’amis et de camarades – de plus en plus isolés au fur et à mesure des amnisties (qui tiédissent certains activistes), des cavales (qui épuisent les sens et les finances), des attentats (qui déroutent l’opinion publique), des frictions avec la police aux abois qui mène la traque avec des moyens illimités, des actes de délation et de la répression féroce. La bande d’Andreas Baader (1943-1977) est ainsi peu à peu décimée et c’est cette épopée tragique qui est ici retracée.

« Unissons toutes les forces du peuple contre le système de fric/pouvoir/violence/famille/école/fabrique/bureau/taule/maison de correction/asile. On s’approprie le vocabulaire des Black Panthers et autres radicaux américains. Le qualificatif “pig” qui sied si bien aux officiels, a son petit succès. Les jeunots, Irmgard, Ilse, Peter-Jürgen, Gerd, Manfred et Petra en usent avec délectation : de plus en plus, j’entends des “porcs de flics” et des “Herold** et Brandt***, sales porcs”. » (pages 74-75)

* Kurt Georg Kiesinger (1904-1988) est élu chancelier en 1966 malgré son passé. C’est lui que la jeune militante franco-allemande Beate Klarsfeld giflera en public – geste qui fera date – lors d’un meeting le 7 novembre 1968.

** Horst Herold (1923-2018) est alors le chef de la police allemande.

*** Willy Brandt (1913-1992) est chancelier fédéral de l’Allemagne (pas encore réunifiée).

Ulrike Meinhof – 68-76 RFA, Alain Lacroix, éditions Pontcerq, Rennes, 2014, 132 p., 12 €.

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