Le rappeur rennais Doc Brrown revient avec un nouvel opus en compagnie de Dj Ober. E.D.E qui fait la part belle aux textes sur des prods teintées de grime. Et d’univers ultra contemporains. Retour vers le turfu.
L’intro massive avec Dj Netik assoit direct le flow ultra technique de Doc Brrown (va falloir s’accrocher à ses écouteurs pour suivre – avec une tonne d’allitérations et des figures de style à réécouter); le rappeur rennais apporte un nouvel album qui sort officiellement en mars et dont un clip est à venir. Sur des prods de Dj Ober, bien loin des ambiances old school/funk mais totalement influencé par la grime Outre-Manche, les ambiances sont frontales, tout en gardant le chaloupé drum&bass dancehall. Là où Doc Brrown est connu pour sa rapidité, il prouve qu’il sait ralentir (« Stabilise »), fait aussi son « Introspection » face à Jenny Melfi (psy des Soprano) avec des mots qu’il pourrait bien être le seul à pouvoir placer (wija face au tweet, phrygien pour les bonnets).
« J’fais une thérapie, ils font des selfies »
À l’heure de la guerre de l’image, le Doc, sur un son ultra contemporain, use plutôt de sa matière grise, et analyse son époque sur le sombre « brainwashing » et son actualité en filigrane (« les gens qui vont voter la flamme sachant que jeunes ils étaient flower power ») ou encore l’état du rap (« on revitalise le fond de ta playlist en critiquant sa baisse »). Avec des références aux comics (Dark Venom) ou égrenant celles de films des 90′s (Freddy, Shining, Luther de Batman, jusqu’à King Joffrey de Games of Thrones). Un nouvel opus (dont pour l’heure, la signification du titre E.D.E est un mystère, qui se clôture avec « Gravity », seul titre où la montée en puissance englobe tout le titre et ses coupures plus légères, évoquant la « négritude » du emcee (et qu’il fait rimer avec talent avec le néologisme « sbeulitude »). Parti façon Gravity, ou le rap comme lâcher prise; Doc Brrown y arrive à la perfection.