Une affaire de famille, un très beau drame japonais de Hirokazu Kore-eda

Une affaire de famille de Hirokazu Kore-eda : L’âpre réel d’un Japon déclassé, mal poli, malhonnête, mal en point et mal perçu où chaque épreuve, chaque ratage, chaque mésaventure, est l’occasion de reprendre du poil de la bête.

Miyu-Sasaki

La petite Juri (Miyu Sasaki), dessinant avec des couleurs vives, prouve que la vérité, parfois belle à regarder, sort des crayons des enfants.

Ils vivent dans la petite bicoque de la mamie (Kiki Kilin). Un peu les uns sur les autres. On y rencontre un couple, très complice, avec leur enfant (trouvé dans une voiture) et une fille, qui considère un peu la vieille comme sa grand-mère. Le « père » (Lily Franky) bosse sur des chantiers et chourre dans les boutiques, avec son fils « adoptif » (Kairi Jyo), pour équiper la maisonnée en menus biens de consommation. Sa femme, ex-escort (Sakura Andô), s’échine désormais dans un atelier avec d’autres repasseuses exploitées. L’autre jeune femme (Mayu Matsuoka) vend ses charmes et monnaie ses câlins à des âmes en peine dans une boîte de strip-tease cheap. La doyenne de la petite tribu urbaine, veuve, touche une petite rente venue d’on ne sait où (on finira par l’apprendre). Bientôt, ces drôles d’oiseaux vont accueillir en leur sein une enfant battue, Juri (Miyu Sasaki), qui va par la suite faire l’objet d’un avis de recherche (car si d’une part elle est recueillie, d’autre part elle s’est envolée de son foyer initial) mais à laquelle ils vont faire une place de choix dans leur nid, dans leur vie.

On découvre dans Une affaire de famille un Japon des bas-fonds, un monde où les citoyens de seconde zone se débrouillent malgré tout, accablés certes par un système, mais un système dont ils parviennent parfois à se jouer, en contournant les lois, en volant, en tissant un réseau de solidarités, en prenant des risques, loin de la morale bourgeoise policée des nantis vernis si habituée à tout écraser sur son passage, y compris ces bontés qui la dépassent.


Une affaire de famille – Drame japonais de Hirokazu Kore-eda – Avec Lily Franky, Sakura Andô, Kiki Kilin, Kairi Jyo, Mayu Matsuoka, Miyu Sasaki… – Durée : 2h01 – Sortie le 12 décembre 2018 – Palme d’Or du festival de Cannes.

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