Au bout des doigts de Ludovic Bernard : un film sur la musique d’ascenseur… social.
Mathieu (Jules Benchetrit) est une jeune graine de racaille de banlieue parisienne, élevée par sa mère. Auprès du bon Monsieur Jacques (Michel Jonasz), il a appris le piano et développé son don. Grâce à ces facilités (et aux pianos mis gracieusement à disposition près des quais par la Sncf), il est néanmoins repéré, dans un hall de gare encombré, par le directeur du très prestigieux conservatoire national supérieur de musique (Lambert Wilson).
Évidemment, la trame n’est absolument pas crédible. Dans les gares, en Macronie, ceux qui ont réussi croisent peut-être ceux qui ne sont rien, mais ne leur accordent guère d’attention et leur adressent encore moins la parole.
Hormis cette incongruité, cette bluette autour du solfège reste néanmoins l’occasion de développer la narration d’une osmose entre un directeur sur la sellette, une comtesse à l’oreille absolue (Kristin Scott-Thomas) et un ado des cités qui, n’était son don pour la musique assorti à cette rencontre providentielle, pourrait fort bien mal tourner vu son goût pour la cambriole.
Bref, non seulement la musique classique est ici une passerelle entre les classes sociales, mais également une discipline suprême – autrement dit un art – et une voie professionnelle possible pour qui saura cultiver son talent, le développer grâce à ses mentors bienveillants et, enfin, osera l’afficher au grand jour grâce à l’amour (ici personnifié par Karidja Touré) qui, c’est bien connu, donne bien souvent des ailes – ainsi que le la.