La danse continue de s’inviter aux Transmusicales : le Triangle accueillera vendredi 7 et samedi 8 un spectacle de Blanca Li, avec, en 1ère partie, une étape de création des Zombeavers, dirigés par Mike Hayford, un des grands noms de la danse hip-hop.
Six danseurs, un chorégraphe : des pointures dans leur style en matière de danse hip-hop. Ils se sont lancés dans une création, dont la représentation au Triangle, de courte durée, sera une étape de travail, alliant danse hip-hop, jeux de lumières, et une bande son composée par Mike Hayford lui-même. Un moment court mais intense qui doit faire s’allier chaque individualité des danseurs dans un mouvement collectif. Questions à J-2 de la première représentation au chorégraphe.
¦ Depuis combien de temps pratiques-tu la danse hip-hop ?
Alors je pratique le popping, une danse funk style, depuis 22 ans. Et ça fait 20 ans exactement que j’ai fait mes 1ères Transmusicales, un retour aux sources en quelque sorte ! C’est pour ça qu’avec Sandrine Poutrel (ndlr : responsable de production des Trans), on a fait une collaboration pour ce projet.
¦ Est-ce que tu as une préférence pour les battles ou ce travail de création chorégraphique ?
Je peux pas vraiment dire qu’il y a une préférence car le travail de chorégraphie c’est tout nouveau pour moi. C’est une nouvelle ère dans ma carrière. Dans le monde de la compétition, on est toujours à la recherche de la nouveauté, de se refaire, de se forger pour savoir où en est notre niveau. Je connais ce jeu, mais là c’est tout autre chose. Je peux pas vraiment mettre de préférence, mais ça donne un air frais dans ma carrière, une manière aussi de montrer aux gens l’univers que je peux montrer aux gens à travers un groupe. Aussi mon univers musical car j’ai composé une partie de la bande son du spectacle.
« attends faut que j’te montre un truc sur Youtube ! »
¦ Le groupe Zombeavers… mais pourquoi ce nom ? À cause du film ?
Apparemment tout le monde sait que c’est un film ! C’est justement parti d’un délire avec un membre du groupe aujourd’hui parti, Guillaume Ruès. Lors d’une conversation chez moi il s’est rappelé de quelque chose, car il adore partager des vidéos nulles et marrantes; il m’a dit « attends faut que j’te montre un truc sur YouTube ! » J’ai eu un fou rire incroyable de dix minutes, en me disant « mais qu’est-ce que c’est qu’ce truc de ratons-laveurs zombies ». En cherchant un nom de groupe, c’est revenu ! Le groupe était pas chaud, j’ai précisé que l’important c’est pas de savoir d’où ça vient mais ce qu’on en fait ! Bruce Chiefare qui me supportait dans le projet a dit « c’est pas mal, c’est stylé » alors on a gardé le nom même si les autres étaient dégoûtés !
¦ Peux-tu nous parler de la création dont il est question aujourd’hui au Triangle ?
Il y a 6 danseurs sur scène, et c’est un spectacle que je voudrais élargir à tout type de scène, battles, festivals, théâtres… Là ce qui sera présenté ce sera vraiment une étape de travail. Il y a un univers qui commence à s’installer, et c’est un extrait de comment ça pourrait être développé. Après il n’y a pas de thème en particulier, je n’avais pas forcément envie de raconter une histoire mais que les gens captent quelque chose, l’identité que peut dégager le groupe. Il y a toujours eu des gens sortis de Bretagne qui ont réussi, et là ce sont les meilleurs de cette nouvelle génération du Grand Ouest chacun dans leur catégorie, et le point commun c’est le côté organique de leur danse. Zombeavers c’est pousser l’originalité, mais il y a encore beaucoup de travail, c’est un début et il y aura une évolution.
¦ La danse hip-hop est un peu plus visible dans la programmation des Transmusicales depuis quelques années, comment tu perçois cette évolution au sein d’un festival consacré principalement à la musique ?
En général dans la culture rennaise il y a plus la place qu’avant. Après est-ce qu’il y a la même reconnaissance, je dirais pas encore, mais il y a eu une sacrée évolution. Au niveau des Transmusicales par contre, ça a toujours été supporté par le festival, depuis le milieu 90, il y a toujours eu des soirées qui m’ont marqué, avec Trans en Danse, Black Blanc Beur, plein de gens qui sont venus, des gros groupes. Venir aux Transmusicales, c’est déjà une 1ère reconnaissance d’y venir, notamment auprès de la ville de Rennes. Et y revenir aujourd’hui comme chorégraphe après une carrière, c’est une sorte de consécration !
« Qu’est-ce qu’on veut raconter d’autre que nous-mêmes ? »
¦ Même si la culture hip-hop a investi beaucoup de sphères, qu’est-ce que tu conseillerais comme porte d’entrée à quelqu’un qui n’y connaît pas grand-chose en danse hip-hop ?
Déjà d’aller vers les 2 mondes : celui de la compétition, pour voir qu’il y a une rage, une énergie forte, dans une bonne ambiance, par passion. Mais aussi voir dans le monde du spectacle, pour voir la sensibilité de ces danseurs. Les gens s’arrêtent beaucoup sur la compétition, sur le côté battle qui est une tendance en ce moment, y en a même à la télé, alors qu’il faut que les gens sachent ce qui se fait aussi en dehors. Quel est l’univers de chacun, la sensibilité d’un chorégraphe ou d’un groupe d’ensemble. Qu’est-ce qu’on veut raconter d’autre que nous-mêmes ? Car le monde de la compétition est très individuel, alors que le langage de la danse hip-hop peut être poussé aussi loin que celui de la danse classique ou contemporaine.
¦ Comment se sent-on à la J-2 de la 1ère représentation ?
(explosion de rire nerveux) Il y a des montées de stress et des descentes. La fatigue s’installe, donc forcément le stress remonte assez facilement. Après quand on sait qu’il y a un public, que l’atmosphère s’installe, ça sera différent. On peut pas retourner en arrière donc on donnera le meilleur de nous-mêmes ! L’important c’est que les gens ressentent quelque chose, à l’intérieur. Donc voilà c’est un stress, avec l’impression que c’est passé pire que trop vite, j’ai envie de rajouter une semaine !
¦ Est-ce que tu as vu une chorégraphie qui t’a récemment marqué ?
J’étais beaucoup dans la compétition donc ça faisait un moment que j’avais pas suivi, mais il y a toujours des gens de référence que les gens connaissent, que ce soit Frank Deluise, Babson avec Paradoxal, Marvin Gofin en tant que chorégraphe. J’ai vu un extrait du spectacle de Bruce Chiefare, il y a aussi le solo de ma sœur Linda qui marche très bien… après il y a beaucoup de gens que j’ai croisé dans ma carrière où j’ai trouvé une sensibilité, David Llari de la compagnie Sun of Shade, Julie Bérès… Je suis en train de redécouvrir le monde du spectacle… et il y en a beaucoup, j’essaie juste de suivre !