À Rennes, la bonne ambiance du Bal Pirate est désormais connue de tous. Chaque mois, en fin de journée du dimanche et en itinérance, l’équipe du fameux bateau corsaire accoste dans un lieu différent. Il suffit d’une salle, d’un bar, d’un restaurant, d’un chapiteau, d’une simple adresse suffisamment spacieuse pour recevoir de nombreux danseurs. L’équipe du Bal Pirate déploie alors toute son énergie pour passer un bon début de soirée et tourner le cou au rituel blues du dimanche ! Le 25 novembre, c’était les 3 ans du Bal Pirate. C’est l’occasion de revenir sur l’aventure avec Lionel, l’un des membres de l’équipage.
« le concept a séduit au fil des mois »
- D’où vous est venue cette idée, ce concept, les motivations du départ pour organiser un bal nomade un dimanche par mois ?
Si l’on fait un bref rappel sur l’histoire des bals en France, il en était organisé à de nombreuses occasions tout au long de l’année. Que ce soit pour des fêtes religieuses, des jours fériés, des fêtes nationales, les gens dansaient le dimanche à l’occasion de grands bals où tout était possible ! Cette coutume est passée de mode lorsque le phénomène des discothèques a émergé, dans les années 70 il me semble.
En ce qui concerne notre histoire à nous, au départ, vers la fin des années 2000, nous étions un groupe d’amis qui aimions bien faire la fête, danser et sortir. Nous invitions régulièrement nos amis à danser dans une maison que nous occupions à plusieurs. La blague, c’est qu’à l’époque nous avions appelé ça « La Piraterie ». Quelques temps plus tard, l’un de nos amis avait pour projet d’organiser des bals et le nom de « La Piraterie » lui était resté à l’esprit. C’est comme ça qu’est née l’idée du « Bal Pirate ». Nous nous souvenons très bien de la première date car elle était organisée deux jours après les attentats de Paris au Bataclan le 13 novembre 2015, il y a trois ans. On a failli tout annuler mais justement on s’est dit qu’au contraire, c’est précisément contre ces choses-là et les idées de repli sur soi que nous souhaitions lutter. Alors il est vrai qu’au début il n’y a pas eu beaucoup de monde à nos rendez-vous et puis finalement le concept a séduit au fil des mois. Oui, maintenant, on doit bien s’avouer qu’on est très satisfait de la fréquentation de nos bals.
- À la lecture de la présentation que vous faites du Bal Pirate sur votre site Internet, vous employez les mots « convivialité », « famille », « simplicité », ce sont vos fondamentaux et les clés de votre réussite à Rennes ?
Oui, on s’attache à faire renaître cette idée de bals qu’on l’on espère populaires, simples et ouverts à tous. Ce qui peut paraître facile en l’évoquant comme ça, mais dans les faits et sur la partie organisationnelle, ce n’est pas si simple. On recherche aussi la modération dans les prestations que nous proposons avec des tarifs raisonnables et nous tenons à maintenir l’entrée au bal gratuite.
Avant ces aspects danse, musique et bal, nous ouvrons nos portes à 16 h pour les enfants. Nos dimanches commencent doucement avec des choses réservées davantage pour les familles et leurs jeunes pousses. Là aujourd’hui par exemple, sous le chapiteau de Big Bang Circus à La Courrouze, on a mis en place un photomaton ludique, un atelier de maquillage pour enfant, un concours de lancer d’avions en papier et des petites recettes simples et ludiques de cet ordre-là. On tient à continuer à proposer ce type d’animations. D’ailleurs si de nouvelles idées peuvent nous être suggérées, nous aimerions bien nous renouveler.
L’un des points les plus difficiles reste la musique choisie par les Djs que nous sélectionnons. C’est un cahier des charges consistant et une ouverture d’esprit musicale nécessaire. C’est l’une de nos discussions des plus rudes, un judicieux mélange entre une musique quelque peu pointue parfois mais aussi ouverte à tous et grand public. C’est une vraie gymnastique mais on essaye de ne pas être trop perçu comme une musique de « variétoche ». Généralement et jusqu’ici pour des questions de coûts, nous privilégions des Djs mais il est vrai que nous aimerions orienter notre démarche vers la sélection de groupe de musiques vivantes.
- Vos événements ne se terminent jamais trop tard.
Effectivement, on est conscient que nous avons un public de fêtards comme dans tout esprit baluche ! Mais nous souhaitons maintenir un horaire de fin très raisonnable puisque nous arrêtons la musique vers 22 h. Ce choix est assumé pour plusieurs raisons et notamment pour les problèmes de voisinage. On termine souvent la musique par une petite sélection de musette, le volume baissé.
- Avec l’indépendance que vous revendiquez, quels regards portent sur vous les institutions publiques et culturelles rennaises ?
Nous n’avons pas vraiment ce type de retours ni de dialogue avec les élus ou les institutions culturelles de la ville. Oui, nous confirmons notre souhait de vouloir rester indépendants puisque nous confirmons être apolitiques, sans appartenance à un mouvement identifié. Nous souhaitons maintenir ce cap avec notre large ouverture d’esprit et à vocation populaire.
- Sans subventions et en autofinancement, comment fonctionnez-vous avec les lieux qui vous accueillent ?
Effectivement, on a réussi à trouver un modèle financier qui nous permet de fonctionner sans subventions. Pour la partie ressource en général nous construisons le projet avec le lieu qui nous accueille. Nous nous adaptons à faire du sur-mesure selon ses critères à lui. Nous n’avons pas besoin d’énormément de trésorerie, nous sommes tous bénévoles. Notre trésor ce sont les adhésions à notre association, les recettes des bars, des repas… Tout dépend vraiment du modèle choisi en collaboration avec l’endroit qui nous accueille. Nous nous adaptons avec nos partenaires, cela se passe en toute confiance et avec bienveillance.
- Ces lieux, ces partenaires, sont-ils maintenant les mêmes tous les ans à chaque mois ou bien êtes-vous encore à la recherche d’autres lieux sur la ville ?
Nous revendiquons cette itinérance sur l’ensemble du territoire géographique de la ville de Rennes. Oui nous sommes à la recherche de nouveaux lieux car à cette saison-ci c’est un peu plus difficile d’en trouver qui puissent accueillir tout le monde dans un intérieur chauffé et à l’abri. Si d’autres idées inattendues émergent, nous étudions toutes les éventuelles possibilités originales ou plus conventionnelles. Contact ici.
- Qu’est-ce qui vous enthousiasme encore ? Où puisez-vous vos énergies pour tenir cet agenda de fêtes mensuelles ?
Ce sont surtout les gens différents que nous accueillons, notre public, les familles qui se renouvellent. Nous aimons bien l’idée de décloisonner les publics, les âges, les catégories sociales, etc. Nous les souhaitons les plus hétéroclites possibles. L’idée qui est réjouissante c’est de les rassembler pour danser, se divertir et passer un bon moment avec nous un dimanche, en fin de journée. Nous fêtons ce week-end, nos trois ans de bals pirates et chaque mois c’est un vrai plaisir de mettre tout ça en musique !
Pour le mois de décembre, nous retrouverons nos familles et nous nous autoriserons une petite pause hivernale. Nous reviendrons fin janvier à la Maison Bleue, la maison de quartier du boulevard de Verdun !