Le grand bain : une comédie de Gilles Lellouche sur la résilience collective par l’activité physique en milieu aquatique.
À mi-chemin entre l’hilarant Le roi du curling d’Ole Endresen (2014)* et Champions de Javier Fesser (2018)**, Le grand bain raconte le parcours d’un groupe de gars cabossés, coachés par des entraîneuses elles-mêmes meurtries, motivés pour atteindre néanmoins le firmament de la nage synchronisée masculine.
Tous, bien sûr, ont des failles béantes. Philippe Katerine (Thierry dit « Titi » mais personne ne l’appelle ainsi en fait) est gigantissime en gardien de piscine municipale aussi solitaire que débonnaire. Benoît Poelvoorde (Marcus) incarne, avec brio, un installateur de piscine, Piscin’ Love, au bord de la faillite. Guillaume Canet (Laurent) est lui aussi génial en mauvais coucheur tyrannique – ses rapports avec sa mère (Claire Nadeau), maladivement maltraitante, explorés ici avec un certain bonheur, pourraient très bien expliquer son caractère acariâtre. Virginie Efira (Delphine) et Leïla Bekhti (Amanda) sont elles aussi splendides, l’une en membre des Alcooliques anonymes qui encourage ses troupes en leur lisant du Rainer Maria Rilke (1875-1923), l’autre en harpie aussi hargneuse que grossière, bloquée dans son fauteuil roulant suite à un drame qui l’empêcha d’atteindre ses objectifs sportifs. Sans parler de Jean-Hugues Anglade (Simon, père séparé émouvant et zikos raté qui ne sera jamais David Bowie comme le persifle sa cinglante fille) et de Mathieu Amalric (Bertrand, dépressif au chômage qui va reprendre du poil de la bête en s’immergeant dans l’eau chlorée et en vendant, ou tentant de vendre, des canapés laids dans la boîte de son ignoble beau-frère, Thibault – Jonathan Zaccaï), de Marina Foïs (Claire, femme aimante pas encore désespérée et emplie de confiance envers son dépressif d’époux), de Mélanie Doutey (Clem, sœur de Claire un peu vacharde et qu’on brûle de remettre à sa place d’un bon coup de pied au derche), de Félix Moati (John, infirmier en maison de retraite qui cultive une certaine phobie de la décrépitude)… tou·te·s remarquables.
Sans failles – si ce n’est celles, quasi sans fond, de cette belle brochette de vainqueurs –, Le grand bain rejoint donc le podium des grandes comédies françaises.
* L’ascension d’une bande de vieux potes compétiteurs vers les sommets de ce sport nordique méconnu, le curling.
** L’histoire d’une équipe de basketteurs handicapés sur le sentier, semé d’embûches, de la gloire.