Dans la famille McDonnell, Mickaël le père, Simon et Kevin les deux fils forment ensemble un trio de musique irlandaise et se nomment pour faire simple : McDonnell Trio. Sur l’esplanade d’une station de métro, Mickaël le papa, au banjo engagé est entouré de ses deux fistons : Simon à sa gauche et Kevin à sa droite. Le trio est programmé à plusieurs reprises cette semaine dans différents lieux de l’Ille-et-Vilaine tout au long du festival du Grand Soufflet. Aujourd’hui, les McDonnell ont donné une version acoustique d’un concert tout en proximité avec le public chamarré du marché du Blosne, place de Zagreb, un samedi matin.

Pour cette édition 2018 du Grand Soufflet, vous venez proposer les morceaux de votre dernier album Soundbox en version acoustique ?

C’est notre troisième album, après Soundbook puis It’s a long way to Tipperary avec lequel nous avons obtenu une récompense de l’académie Charles Cros. Celui-ci nous l’avons appelé Soundbox pour être raccord avec la mode actuelle de l’Human Beat Box, de la Live Box, et de tous ces mots français qui font modernes !

Sur une esplanade venteuse, entre la sortie de la station de métro du Blosne et à proximité des étals du marché de la place de Zagreb, l’endroit était-il vraiment propice pour votre prestation en version acoustique, n’avez pas trop souffert de cet environnement bruyant aujourd’hui ?

Kevin : Effectivement, le défi était difficile à relever, ce ne sont pas des conditions de concert optimales pour nos voix et nos petits instruments à nous mais il semblerait qu’on ait réussi à capter l’attention du public, des passants. Malgré le bruit autour, nous sommes parvenus à créer une petite ambiance. Nous avons dû obliger le public à se rapprocher de nous. C’était une vraie proximité, un peu inhabituelle pour nous certes mais pour une fois sans les lumières des salles de spectacle, en plein jour, on recevait les réactions du public à quelques centimètres. Les gens répondaient à nos chansons, dansaient avec nous, tapaient dans leurs mains, et ça nous a bien plu.

Cette idée de venir jouer sur ce marché populaire, quelque peu bigarré d’un point de vue ethnique, vous a séduits tout de suite, le défi n’était-il pas de taille ?

Kevin : Pour nous c’est assez naturel de venir jouer sur un marché, on l’a déjà fait tous les trois. Sur un marché populaire comme ici, ça ne nous a pas effrayés, on a l’habitude, c’est notre environnement familier. Simon et moi avons grandi près d’un quartier populaire nous aussi. Aujourd’hui on a vu des spectateurs s’arrêter pour nous. Ceux que nous n’avons pas l’habitude de voir dans les salles de spectacle. Nous sommes bien contents de les rencontrer ici. Ce concert n’est pas un défi mais juste une manière différente de pratiquer notre métier à un moment et un endroit donnés.

Mickaël : Ce qu’il est pertinent de remarquer pour ce concert c’est que d’une part « notre public » habitué des salles de spectacle, des autres quartiers de Rennes ou des communes de la Métropole ont découvert un quartier et un marché dont ils ne soupçonnaient peut-être pas l’existence mais aussi que d’autre part, par notre présence, nous avons un peu chamboulé les habitudes des résidents du quartier et des clients habitués du marché. C’était intéressant d’être là, ça a fonctionné dans les deux sens.

Vous souhaitiez donner un sens vous aussi à ce moment-là en tant qu’ex « migrants » ?

Mickaël : Oui, moi je suis Irlandais en France depuis quarante ans mais quand les gens me voient pour la première fois, ils ne peuvent pas savoir que je suis un ex-migrant, c’est effectivement avec mon accent et quand je parle avec eux que je ne peux pas masquer mes origines. Alors je suis content de jouer maintenant et ici. Je connais ces gens-là, même si nous n’avons pas la même couleur, nous sommes tous exilés. Je crois que notre musique leur parle à eux aussi. Leurs joies et leurs souffrances sont les mêmes que les miennes : ils ont quitté leur pays qu’ils aimaient. Quand je les ai vus me regarder aujourd’hui, je les ai reconnus, ça m’a beaucoup plu ça.

Pour vos interventions régulières dans le festival du Grand Soufflet et vos nombreux concerts programmés cette semaine, vous y êtes comme chez vous ?

Kevin : Oui, Simon était passé il y a quelques temps dans le cadre du Petit Soufflet mais avec la thématique des mondes celtiques de cette année, on a été vraiment honoré de recevoir cette proposition de concerts multiples et dans de nombreux cadres. De vrais exercices de notre pratique mais différents à chaque fois. On espère pouvoir jouer un jour, lors d’une prochaine édition, sous le grand Chapiteau du Thabor.