BlacKkKlansman – J’ai infiltré le Ku Klux Klan, film américain de Spike Lee

BlacKkKlansman – J’ai infiltré le Ku Klux Klan, de Spike Lee : une comédie dramatique « basée sur des p… de faits réels » qui a le mérite de replacer le suprématisme blanc qui sévissait au cours des seventies dans un contexte historique plus large, allant de Jefferson Davis (1808-1889) à Donald Trump.

 

La (trop ?) longue histoire de la ségrégation états-unienne est ponctuée de moments de bravoure contestataire censés (r-)établir l’égalité entre Blancs d’obédience protestante (Wasp) et Noirs. BlacKkKlansman illustre avec humour un épisode de cette lutte.

On aurait pu croire qu’après la guerre de Sécession (1861-1865) perdue par les armées sudistes commandées par le général Robert Lee (1807-1870), les choses s’amélioreraient pour les esclaves afro-américains et leurs descendants. Mais dans les États du Sud, le racisme est encore très vivace. Les Blancs continuent de considérer les Noirs comme des « macaques arriérés » qui viennent souiller la pureté des Américains blancs. À Colorado Springs (nota bene : le Colorado ne fit pourtant pas partie des 11 États confédérés), 2 flics, la jeune recrue Ron Stallworth (John David Washington) et Flip Zimmerman (Adam Driver), infiltrent* avec ruse et courage la section locale du Ku Klux Klan**. Le premier, Ron, est un jeune Black ambitieux, volontaire pour les missions à haut risque, subsidiairement séduit par les mouvements de lutte pour les droits civiques – surtout quand celle-ci, la lutte, est incarnée par une belle étudiante militante, Patrice Dumas (Laura Harrier). Le second, Flip, est un grand gaillard d’origine juive qui devra garder son sang-froid au contact des membres du KKK suant de négationnisme et d’antisémitisme.

Driver-Washington

Pour Flip (Adam Driver) et Ron (John David Washington), au-delà d’une avancée considérable pour leur mission secrète d’infiltration, c’est un grand kif de recevoir par la poste leur carte personnelle de chevalier du KKK.

Spike Lee aurait bien aimé mettre à terre le racisme qui sévit aux USA – et ailleurs. Il plante quelques banderilles dans l’échine de l’hydre. Notamment en tournant allègrement en ridicule les pratiques grotesques, les mœurs haineuses et les raisonnements largement foireux des tenants de la suprématie blanche. Mais il a bien conscience que le réel est têtu. Les Américains ont élu Trump, lequel a visiblement plus d’affinités avec David Duke (directeur national du KKK épinglé dans BlacKkKlansman et interprété par Topher Grace) qu’avec Martin Luther King (1929-1968) comme l’ont démontré ses saillies*** après le drame de Charlottesville**** (Virginie, USA) qui a coûté la vie à Heather D. Heyer (1985-2017).

* Encadrées par le FBI de J. E. Hoover, ces missions d’infiltration de groupuscules et de partis politiques menées lors du COINTELPRO (Counter Intelligence Program) impliquaient des agents doubles voire triples dont les dangers, y compris pour leur santé mentale, furent particulièrement bien décrits dans les romans de James Ellroy.

** Créé en 1865, le KKK est bien connu pour brûler des croix gigantesques sur les collines aux fins de terroriser les populations noires, pour cultiver l’entre-soi et la clandestinité, pour promouvoir la haine des « basanés », des homosexuels et des « youpins » et pour avoir à ses débuts lyncher plus d’un pauvre hère dont les seuls torts étaient d’avoir le nez épaté, le cheveu crépu et les lèvres lippues.

*** « À Charlottesville, il n’y avait pas seulement des néonazis, mais aussi des gens bien venus protester contre l’enlèvement de la statue de Robert E. Lee. »

**** Cette manifestation au cœur de l’été 2017 confronta des suprémacistes blancs protestant contre le projet de déboulonner une statue du Général Lee et des contre-manifestants anti-racistes et anti-fascistes.

BlacKkKlansman – J’ai infiltré le Ku Klux Klan – Film américain de Spike Lee – Avec John David Washington, Adam Driver, Laura Harrier, Topher Grace… – Grand Prix du Jury au festival de Cannes – Sortie le 22 août 2018 – Durée : 2h16.

One comment

  1. Joséphine /

    Ce film est incroyable, drôle et vraiment poignant à la fois. Vraiment à voir !

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