Ce 3e jour de Charrues a un petit air de nostalgie des années 80, 90 et du début des années 2000 (Les Négresses vertes, Gorillaz, Massive Attack, Yuksek…). Et comme nous le pressentions depuis le début de cette édition, une nouvelle génération de têtes d’affiches du moment arrive dans la place (Damso, Mo, Offenbach…). Pour nous, ce jour sera aussi l’occasion de se pencher un peu plus sur les artistes et les organisateurs de la scène Gwernig.

N’Diaz. Le groupe de Yann Le Corre, Youn Kamm, Jérôme Kerihuel et de Timothée Le Bour sont coutumiers des ambiances fest-noz en Bretagne. Nous les avions déjà remarqués lors de versions musicales différentes. Au fil des concerts, au gré des albums, le projet N’Diaz est en mutation. Nous les avions découverts en formation presque brass band puis en version free jazz et même autour d’airs latinos. Aujourd’hui, produit par Fredéric Le Floch de l’Usinerie Production, nous avons retrouvé le groupe évoluant dans une ambiance funk, groove déviant même vers le rock. La présence d’un invité guitariste pour ce concert du samedi des Charrues ajoute une touche presque pop. Les musiciens ont livré un bon et beau concert instrumental qui a fait le plein du chapiteau Gwernig surchauffé en plein après-midi. Le public accompagne la sortie de scène du groupe avec un rond de St-Vincent, souriant, sautillant et dépoussiérant !

Gorillaz. Le logo de Gorillaz inscrit en lettres blanches sur fond noir en plein milieu des écrans gigantesques, le concert de Damon Albarn et de ses amis dessinés peut commencer. Damon est généreux, semble ravi d’être là, la silhouette de sa british attitude si marquée porte le projet musical à bout de bras. Sachant s’effacer, il laisse les autres musiciens ou choristes briller sous les lumières. Snoop Dog et Bruce Willis font même une apparition vidéo. Sur les écrans, les atmosphères mêlant petits personnages dessinés et univers filmés déjantés rapprochent les effets vidéo-clips de jeux vidéo survitaminés. On ressent de l’altruisme, de la bienveillance et le public ne s’y trompe pas. Ce concert restera l’un grand événement musical de cette édition 2018.

Massive Attack. Le groupe de Bristol (G.-B.) à formation musicale variable était ce soir au grand complet avec notamment la présence d’Horace Andy et de Tricky. Sur scène en pleine nuit tombée, peu d’éclairage pour les visages, les postures des musiciens. Mais l’écran du fond de scène projette des centaines de mots, d’expressions, de citations durant toute la durée du concert. Rappelant parfois les heures sombres de l’histoire du 20e siècle sur des citations de Goering, Goebbels, Hitler, Staline. Puis ces phrases résonnent comme un écho au contexte européen actuel et ses flux migratoires. Certains proviennent des extraits de l’actualité nationale, régionale, voire très locale puisque le groupe a choisi aussi des phrases en langue bretonne démontrant ainsi le déclin de cette richesse culturelle. Souvent politisés et engagés, les mots choisis remuent, dérangent, évoquent le mal-être pesant de nos sociétés européennes. Même si, de temps à autre, une petite blague passe par là, on n’écoutera plus jamais le titre « Inertia Creeps » comme avant.

Une journée de concert vraiment bien différente de la veille, le plein d’énergie et de force retrouvées. D’autres groupes n’étaient pas en reste, dont voici un florilège photographique (avec en prime, un « Où est Charlie » très facile à trouver).

The Young Fathers

Artús

Yuksek

Saro

Les Négresses vertes

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