Monsieur Je-sais-tout, une comédie de François Prévôt-Leygonie et Stephan Archinard

Monsieur Je-sais-tout : une comédie sur la résilience grâce au sport et à une connivence fraternelle – dont le thème, les êtres empêchés par un handicap ou des travers, se rapproche de Champions, de l’Espagnol Javier Fesser.

Entraîneur de l’équipe jeunes de La Rochelle, ex-joueur de foot à la carrière abruptement stoppée par une blessure, célibataire coriace jaloux de son indépendance, bellâtre un peu bling-bling, Vincent Barteau (Arnaud Ducret) a en ligne de mire, au-delà de la nouvelle et toute mignonne toubib du club (Alice David), un poste mirifique d’entraîneur à Pékin. Un neveu étrange (Max Baissette de Malglaive) dont il ignorait jusqu’à l’existence – car Vincent a coupé les ponts avec sa famille sur un malentendu – déboule et chamboule ces glorieux projets à l’internationale. S’occuper quelques jours d’un enfant – surtout quand celui-ci a des drôles de manies et de non moins étonnantes aptitudes – n’est pas sans difficultés.

Mercos-monsieur-je-sais-toutVincent (Arnaud Ducret) et Léo (Max Baissette de Malglaive), en route pour de nouvelles aventures, passent le pont de Tasdon (aux armatures soit dit en passant taguées par les partisan·e·s de la France Insoumise – s’agit-il d’un habile placement de produit ?).

Avec Léo atteint du syndrome autistique dit « Asperger »*, Vincent doit réapprendre la communication, affiner et adapter ses méthodes pédagogiques, revoir ses positions, réévaluer ses priorités, revisiter son passé, amadouer ses démons, admettre ses ignorances, explorer ses failles et trouver nécessairement de nouvelles ressources. Les progrès de l’un et de l’autre vont s’entremêler, démontrant combien Autrui est fondamental dans la construction de soi.

Déroulant une pelote d’émotions à la ficelle un peu grossière, dans la veine de Le goût des merveilles d’Éric Besnard, avec Virginie Effira et Benjamin Lavernhe de la Comédie-Française (2015), cette comédie développe néanmoins un hommage aux vertus de l’inclusion par le sport et le soin personnalisé apporté à son prochain. Elle se double également d’une critique de la « normalité » – les gens « normaux » comme Vincent ayant leur part d’inadaptation à un monde que la diversité serait censée piloter, mais où celle-ci est communément étouffée, cachée derrière les murs d’institutions, brimée, empoisonnée à coup de cachetons. Monsieur Je-sais-tout touchera donc quiconque souhaite en savoir un chouia plus sur le spectre autistique, qui va de la tare au don voire au génie selon la façon dont on parvient à sublimer le bouzin en recréant des harmonies favorables grâce notamment à une écoute et une compassion dont notre monde, répétons-le, voué trop souvent à la compétition aveugle, à l’exclusion, à l’enfermement et irrigué par l’industrie pharmaceutique, n’est pas toujours porteur.

NB : Si Max Baissette de Malglaive est censé interpréter un pré-ado passionné d’échecs, rappelons à toutes fins utiles aux accessoiristes qui ne seraient pas versés dans ce « roi des jeux et jeu des rois » que la bonne façon de positionner les pièces sur un jeu d’échecs est celle-ci (une case noire en bas à gauche) :

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* Ce syndrome se signale par de très hautes capacités cognitives et mnémotechniques démultipliant les puissances de calcul. Le joueur d’échecs américain Bobby Fischer (1943-2008), champion des États-Unis à 14 ans, devenu Islandais à la fin de sa vie après avoir développé un anti-américanisme et un antisémitisme assez haineux, aurait été concerné par cette forme d’autisme.

Monsieur Je-sais-tout – Comédie française de François Prévôt-Leygonie et Stephan Archinard – Avec Arnaud Ducret, Alice David, Christophe Bourseiller, Max Baissette de Malglaive – Sortie le 9 mai 2018 – Durée : 1h39.

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