La Mort dans l’algue, de René Péron : un petit polar breton, paru chez La Gidouille, pour dénoncer un scandale écologico-agro-industriel, qui n’a que trop duré et qui n’est pourtant pas à la veille d’être réglé.
Léo Tanguy, reporter free-lance qui anime un blog vengeur, est amené à garer son combi du côté de Saint-Michel-en-Grève. Les algues vertes auraient fait une nouvelle victime, humaine cette fois-ci (après des chevaux, chiens, sangliers retrouvés englués dans l’ulve putride).
Le mort, Marc Cann, travaillait dans une ferme agro-industrielle où le retraitement et la revalorisation de ces déchets verts aux émanations toxiques était pratiqué.
- Marc était très exposé ?
- À des risques majeurs d’intoxication. Cette courbe en dent de scie, là, signale, jour après jour, deux choses : il dépassait régulièrement et les durées d’exposition maximales autorisées par les règlements sanitaires, et les doses entraînant un risque. Les pointes au-dessus du trait rouge indiquent des doses de poison supérieures aux seuils toxiques. Selon les consignes de sécurité établies par le ministère du Travail, dès que le taux atteint les 10 ppm, on ne doit pas rester plus de quinze minutes exposé. Or, ça s’est produit à plusieurs reprises. Vous voyez, là, 18 ppm… là, 25 ! En continu sur six heures !
- Vous êtes médecin, vous n’avez pas alerté Marc ?
- Marc n’était pas convaincu du danger. La plupart des ouvriers n’y croient pas vraiment… (pages 142-143)
À partir de faits divers qui ont bel et bien défrayé la chronique côtière dans le Finistère et les Côtes-d’Armor, René Péron élabore une histoire documentée. À qui « profitent » les marées vertes ? À quels lobbies, quelles mafias ? Pourquoi les pouvoirs publics sont-ils si frileux pour circonscrire ce problème environnemental majeur ? Comment lutter contre ces pollutions assassines et nauséabondes ? Combien de Rouletabille de la trempe de Léo Tanguy seront nécessaires pour enrayer ces phénomènes qui défigurent les littoraux, empuantissent les balades côtières, nuisent à la santé publique ou aux écosystèmes saturés, et parfois tuent ? Qui sont ces ultraviolets écologistes radicaux et d’où vient cette truie au ventre recousu retrouvée à marée basse ?
Léo Tanguy ne ménagera pas sa peine et sa douleur pour venir à bout de cette affaire aux relents d’H2S.
Et naturellement, on espère de tout cœur que, grâce à ce genre de petits textes engagés qui ne paient pas de mine (mais ne manquent pas de saveur ni d’à-propos), la société civile finira par s’emparer de cette cause et par retrouver de l’intérêt pour des eaux claires, des rivières vivantes et une agro-industrie respectueuse du vivre ensemble.