Downsizing, d’Alexander Payne

Downsizing : une comédie américaine d’Alexander Payne, avec dans le rôle principal Matt Damon, confronté encore une fois, après Promised Land de Gus Van Sant (2013), à la question du développement humain et des dégâts causés.

Partant du constat très malthusien que la surpopulation engendre des cataclysmes, un chercheur norvégien (Rolf Lassgård) développe un processus de miniaturisation cellulaire. Ainsi réduits, les humains ne mesureront plus qu’une dizaine de centimètres. Leur bilan carbone et leurs déchets s’en trouveront considérablement décrus. Et la planète sera sauvée. Réjouissant programme, donc, s’il en est.

Downsizing_Matt-damonAvant de se jeter à l’eau, Paul Safranek (Matt Damon) boit une mousse avec un « Petit ».

Blasé par sa vie morose et des projets immobiliers impossibles à concrétiser au regard de ses revenus et de l’emprunt à contracter, Paul Safranek (Matt Damon), Américain de la middle-class ergothérapeute dans l’agro-alimentaire, se met à considérer les bons côtés d’une réduction de format à la sauce norvégienne. Celle-ci n’est pas sans risques, n’est pas gratuite, mais pourrait lui permettre, grâce aux économies d’échelle ainsi réalisées, de mener une vie de cadre supérieur dans un monde meilleur, redimensionné – base utopique d’une humanité de nouveau en phase avec son biotope.

Devenu « Petit », tout ne s’arrange néanmoins pas comme Paul Safranek l’aurait souhaité. On retrouve en effet des hiérarchies de classes clivantes, des promiscuités de voisinage, des horizons bouchés dignes de The Truman Show (de Peter Weir, avec Jim Carrey, 1998), des petits boulots précaires en pagaille et des laissés-pour-compte dans les bas-fonds. Qui plus est, trahi au dernier moment par sa femme (Kristen Wiid) qui a reculé devant l’irréversibilité d’une miniaturisation, ruiné, le moral dans les chaussettes, obligé de bosser comme télé-opérateur, Paul Safranek a du mal à remonter la pente. Une dissidente vietnamienne (Hong Chau), citoyenne contestataire emprisonnée puis miniaturisée contre son gré, et un homme d’affaires serbe peu scrupuleux (Christoph Waltz), porté sur le trafic de produits prohibés, vont l’aider à échanger sa petite mine de perdant pathétique contre un grand cœur d’homme tout simplement bon.

Downsizing – ou comment se réveiller dans un monde lilliputien après avoir voulu fuir l’ennui, le coût et les complications d’une société ultra-consumériste courant allègrement à sa perte – propose ainsi un univers de conte parfaitement abouti, empreint de magie et qui fait écho aux problématiques géopolitiques et écolo-climatiques actuelles. Ce qui n’est de fait vraiment pas dénué d’intérêt pour quiconque serait préoccupé par la fin du monde et par le sort réservé à notre espèce. Downsizing : une posologie possible (de l’ordre de la chimère scientifique) pour pallier les dangers (de l’ordre du réel) que la collapsologie identifie.

Downsizing – Film américain d’Alexander Payne – Avec Matt Damon, Kristen Wiid, Christoph Waltz, Hong Chau… – Durée : 2h16 – Sortie le 10 janvier 2018.

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